Yolande, la cancéreuse – Hubert-Albert du Clos Lus

Ah, tu étais si belle, Yolande  LeMestrun

Au temps de mes douze ans, tu en avais vingt-cinq

Avec ta voix sonore et tes longs cheveux bruns

Je crois que j’avais pour toi un peu le béguin

Dans les petits villages français, tout se sait

Un jour, j’appris un mot : Yolande a le cancè.

Demandai  à ma mère , c’est quoi ce cancè ?

Tais-toi et ne redis jamais ce mot, jamais.

Ah, elle était trop belle, Yolande aux longues jambes

Aux  épaules nues qui roulaient sous  son chandail

Son rire qui fusait , son de viole de gambe

Quand,  avec des œufs , elle venait au portail

Moi, je ne compris rien, et seulement après,

Dans la vie,  j’ai toujours été un peu niais.

Mais plus le temps passait et moins je la voyais

Ma si belle Yolande au sourire si gai

Puis un jour vint la vieille Amélie, sa mamè

Qui s’assit à la table et dit voilà , c’est fait.

Tout à coup, je saisis , je compris les deux femmes

De quoi elles causaient, pourquoi on murmurait.

Et je fus cisaillé,  comme passé à flamme.

Et puis, elle partit, sa mère ,dignement.

 

Tout à coup, je saisis , je compris les deux femmes

De quoi elles causaient, pourquoi on murmurait.

Et je fus cisaillé,  comme passé à flamme.

Et puis, elle partit, sa mère ,dignement.

Voilà , tout était dit . On la revit souvent

Elle ne parlait plus après l’enterrement.

Au pays des Bretons,  on souffre en se murant.

Le cancer de Yolande tua sa famille

Petit à petit, on les vit partir en vrille

Yvon, le frère, fuit dans un lointain Paris

Karen, la fille, entra dans une fausse vie.

Au marché, l’autre jour, j’entendis ” Viens,Yolande”

Me retournai et vis , près des oeufs, une grande

Brune avec son panier, alors, je m’adossai

Emotion bien trop grande ! ô, tout se ressemblait!

Certains disent souvent : souvenirs ne sont rien .

Moi, les souvenirs m’assaillent comme des pierres

Je tressaille, je vibre, et perds tous mes repères

Ah, Yolande la belle brune aux grands yeux verts!

Comment bien résumer le destin qui fut tien ?

Comment exprimer la vile mort en ton sein ?

Avec de faibles vers, quand la vie rime à rien ?

Tu vis dans ma mémoire, tu revis quand vient

Me frapper ton prénom ah, que mon coeur s’étreint !

 

©Hubert-Albert du Clos Lus

 

 

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2 Commentaires
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Invité
9 juin 2018 14 h 56 min

Bravo Hubert très bel hommage émouvant, ah! C’est ainsi va la vie
Agréable journée
Mes amitiés
Fattoum.

Invité
9 juin 2018 9 h 50 min

Très touchant,merci.