Nous partirons très loin en des lieux sans touristes
Nous nous arrêterons seulement dans des villes aux noms difficilement prononçables et jamais entendus
Je te contemplerai souriante et calme sur le quai de la gare avec une petite valise bleue à la main
Passé un certain cap les moyens de transport deviendront quelque peu archaïques
L’omnibus transportant plus de bétail que de gens se signalera par des haltes prolongées
Nous devrons traverser quelques déserts locaux à dos de dromadaire : des régions sur la route de la soie mais sans le moindre intérêt historique
Nous ne comprendrons pas un mot aux parlers locaux et nous ne serons même pas sûrs de nous repérer correctement sur la carte
Tu laisseras pousser tes cheveux fort longs et je les ornerai de fleurs aux parfums délicieux
Nous coucherons dans des hôtels où on ne parle pas l’anglais ou, à défaut, chez l’habitant
Nous aurons coutume de nous attarder toute la matinée au lit car le plus important n’est-il pas de mieux se connaître ?
Car tu es pour moi le but de ce voyage et le seul paysage vraiment intéressant
Je t’appartiendrai de tout mon être et te séduirai par la poésie de mon amour
En te serrant contre moi, j’aurai le sentiment de naître une seconde fois comme à l’émergence d’un monde nouveau
Peut-être serons-nous partis pour ne plus revenir
Peut-être nous établirons-nous quelque part en un pays singulier où notre existence sera fondée sur notre amour
Et nous serons heureux
—
Raymond Delattre
(Été 2000)
Merci pour ce partage d’une rare beauté !