Voyage dans la froidure
A Athènes, j’ai cherché en vain une fontaine
A Séville, j’ai trouvé l’ombre d’une charmille
A Grenade, je me suis écroulée sur l’Esplanade
A Rome, je me suis abritée sous la colonne du forum
A Taroudant, j’ai pris un bain de vapeur bouillant
Maintenant je veux du froid, du froid, je refais mes valises.
Je vais vers le Grand Nord, le Cercle Polaire, la banquise,
Je vais voir la Norvège, je veux frissonner dans des pays blancs
Voir les rennes, le lièvre des neige, le loup gris et les élans,
Je veux rajouter une laine, avoir les joues rouges et le nez gelé,
De la neige sur les cils, enfiler mes moufles et mon bonnet.
Et contempler jusqu’ au couchant le galop des étranges caribous
Et puis, rentrer me réchauffer avec les inuits, dans leur igloo
Manger avec eux les produits de la chasse , du renne, du lèvre arctique,
Et de la pêche , de l’omble , des poissons crus,
Des petits pains frits à la graisse, de la morue,
Mais vais je supporter ces coutumes ??
Entendre les gémissements des chiens et du chef de meute qui hurle !
Qui dorment dans la neige, le froid, en boule, tête contre leur queue,
Serrés les uns contre les autres, qu’on retrouve au matin gelés et malheureux !
Prêts à être atteler au traîneau qui les entraînera dans les plaines enneigées
Pêcher les poissons ou les mammifères marins , jusqu’à être épuisés.
Décidément, je reprends mes valises et renonce à cette idée,
Fini le Grand Sud, fini le Grand Nord, la chaleur, le froid, le soleil de minuit.
Je rejoins le « séjour qu’ont bâti mes aïeux » comme le poète du Bellay l’a si justement dit !
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©Marie Combernoux – 21/08/2018