Vers Nowhere – Snow Poppers

J’allais de nuit, de mes veines turgescentes à peine suturées s’écoulait un pur éthanol, mes dents rasaient le macadam et je courais vers la perspective d’une transe délétère qui viserait au sniper ma sensibilité. La tumeur humaine développait rapidement sa spirale, au plus je titubais, au plus elle déployait son dense essaim, ne pouvant évidemment plus discerner l’humain de la bête, je dus cracher un sang amer comme nicotine et poisseux comme napalm sur eux afin de conjurer le sort, j’étais devenu chevrotine, l’hémorragie aura tout de même eu lieu :

“Simiesque peuple ! Faune carnassière ! Ton point névralgique est l’abnégation du sacré et tes zones érogènes réclament la pornographie cléricale, toi qui te caches pour assouvir tes vices, peuple dont le saint livre contient dans ses versets la souillure, le viol et la destruction… Toi, suicidé obsessionnel qui réclame le martyre en citant le nom de ton égo, viande esclave de l’esclave, ton agonie silencieuse se faisant devant les yeux aiguisés du pervers, le moche, voici l’angine qui t’empêchera de glapir, seul ton haleine se fera encore sentir !… Haleine stagnante infestant les rues, dont la fragrance lourde et criminelle se voit être une grande pestilence, telle la charogne, ainsi, ni foi, ni autels, ni credos n’ont pu s’avorter du principe même de putréfaction… Personne ne les pardonnera jamais, car ils savent ce qu’ils font !”

Les pavés se suivirent et je restais un corps en fusion qui chercherait sa prostitué afin de se défaire de besoins humides; dans mon crâne de feu, en proie à une vocifération gencivaire et gutturale, se dessinait les images psychotiques de cette procession urbaine pour que le visage de ces entités ne deviennent totalement discibles mais ce qui me fît défaut est le courroux lucide qui s’en suivit, incapable de comprendre autre chose que le mot “marasme” utilisé alors pour me sanctionner…

Une fois atteint le cauchemar dans le cauchemar, c’est le corps stigmatisé par leurs lames que je me devais rejoindre la cime de la ville, courant désormais des caniveaux vers l’empire céleste de bitume et d’acier – défiguré au sens large de mes travers – l’unique alibi me faisant encore avancer et respirer dans ces dédales étant celui du noir profond… L’euthanasie qui n’arriva jamais à son terme, j’allais vers l’espace, amputé de l’humanité.

Peu à peu, la cavité se refermait, la nuit se dérobait sur des songes de “Cabaret Voltaire”, l’heure du dernier assaut était vite arrivée. La simulation reprit de l’ampleur lorsque les clochers des églises n’ont eut de cesse de sonner ! Mais, hélas, jamais le tocsin ne se fait entendre… La mascarade fuyant l’obscène venait d’être en partie tintée par ce son exécrable, le crissement de mon cuir y faisait barrage, d’un pas négligé je rejoignais l’horizon qui, semblerait-il, me donnerait une perspective autre que celle que j’avais eu jusqu’à présent de la fosse à la canopée.

L’aube livide et pervenche avait donné le ton, seul au milieu de l’arène, l’esprit toujours ivre du théâtre orbiculaire que sont les rues, j’avais échappé à un peuple diurne s’essayant à la mortification nocturne et ce, même si j’étais maculé d’un ferreux sang. Le delirium tremens de mon songe était limpide, j’injecte mon cyanure le majeur tendu contre mon inculpation pour sincérité et défends hostilement mes états par une noirceur gothique, la sentence de l’assujetti est aisément donnée puisque sa réclusion à perpétuité n’aura jamais raison de l’immortel. 

J’aime lorsque l’homme reste fidèle à la nature cruelle de sa prédation; le déviant, le prototype et le dévot se partagent les mêmes goûts pour le voyeurisme envers leur congénère, la tendance à la vanité ainsi qu’à perpétrer les voyages internes et insidieux; ce qui conduit à reproduire circulairement les mêmes actes… L’humain n’a de mauvais que sa vérité et le monde qu’il s’est bâti en est le sanctuaire et la caricature… Ne pas assumer, c’est se condamner à rester dans les barbelés, le cauchemar doit continuer, et je ne peux oublier qu’à chaque angle de rue, dans n’importe quelle dimension, le meurtre peut passer de fantasme à réalité.

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