Verdict au procès d’intention – Christian Satgé

Petite fable affable

 

Un pachyderme à cause de quelque missive
Où sa prière passa pour injonction
Reçut un poulet d’une gazelle agressive
Qui n’admettait, sans nulle compromission,
Qu’on lui dictât sa conduite. Et, pis qu’autruche,
Se croyait seule gardienne du savoir,
Reprochant à sa tant belle d’avoir baudruche
En guise de cervelle et, plus est, de pourvoir
À perpétuer idées sales, dangereuses,
Sous couvert d’une « guimauve »  des plus véreuses,
Elle usa d’un ton sec, l’humeur peu discoureuse.

Notre mastodonte benoît tant que bénin
 La savait parfois maladroite en ses paroles
Quand la savane la voyait pleine de venin
Ou malveillante. Il la pensait jouant un rôle
Et non point mauvaise mais, là, son pauvre sang 
Ne fit qu’un tour, certes des plus grands et fort larges :
Qu’on touchât à sa compagne, avec mots blessants,
Fort offensée au demeurant, appelait charge 
Surtout que l’antilope se disait « amie »,
Que rien ne justifiait pareille infâmie,
Si ce n’est l’orgueil plus nocif que tsunami.

Les sinistres conséquences de la fatale
Erreur d’interprétation de sains propos 
Appelait excuses qui ne vinrent ; létales
Concessions ayant empêché le repos
De la gracile. L’Énorme prit donc la plume :
« Bien conscient de n’être point à votre hauteur
De ne point trop partager, parce que trop enclume ?,
Vos valeurs et pensers nourris de grands auteurs,
Je n’encombrerai donc plus jamais votre espace
Ni à nuire à votre temps qui trop vite passe.
Que n’ai-je donc plus tôt compris – Il se surpasse ! –

De vous avoir, naguère, tant importunée
Et merci de m’avoir remis à ma juste place. »
L’élégante s’emporta de nouveau, mal lunée.
Notre éléphant lui expliqua, de guerre lasse,
Pour sa défense et ne pas la tromper, en gros,
Que s’il était lent à se mettre à la colère,
Lambin à s’en défaire étaient les libéraux
Du kilo. Il lui barrit, tout soudain célère : 
« Quand tu uses de vils mots vains, pas qu’à demi
Courroucés voire injurieux, ma belle « Amie »,
Que puis-je craindre en plus de qui m’apprécie mie ? »

Notre antilope aurait du garder souvenance
Qu’on souffre moins les écornes d’un ami
Dont on espère, au plus, quelque prévenance,…
Qu’hélas on ne les supporte d’un ennemi
Dont on n’attend rien d’autre qu’impertinences !

 
© Christian Satgé – septembre 2018

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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