Urbin et Huguenin – Brahim Boumedien

 

      Pour ceux qui les ont connus, ces deux noms sont indissociables : on ne peut pas parler de l’un, sans que l’autre ne vienne à l’esprit. Je n’ai pas souvenance dans les discussions que quelqu’un ait cité le premier, sans lui adjoindre le second. Comme je ne me rappelle pas les avoir entendus dans un ordre différent ; c’est toujours Urbin d’abord et Huguenin ensuite. Je n’ai pas d’explication logique à cette préférence : ces deux instituteurs jouissaient du même respect, de la même considération, de la même estime, non seulement de la part des élèves qui ont eu la chance de les avoir comme guides, mais aussi de la part de la population d’Ouled-Djellal où ils prenaient à cœur leur métier d’éducateurs.

      Si on essayait de trouver une logique, on devrait plutôt citer Huguenin d’abord, car un peu plus âgé et surtout arrivé avant Urbin. La logique aurait voulu aussi qu’alphabétiquement, Huguenin se classe avant Urbin. Allez comprendre !

      J’ai eu l’honneur et le plaisir de connaître les deux hommes. J’ai été l’élève de Huguenin et j’ai eu l’immense privilège d’avoir l’un et l’autre comme collègues par la suite.

       Outre leur compétence avérée dans la mission qui était la leur et dont ils faisaient un sacerdoce, ces deux éducateurs aimaient les élèves dont ils avaient la charge et étaient pour l’indépendance de l’Algérie. Urbin a failli d’ailleurs laisser sa peau dans une tentative d’assassinat par l’OAS, en raison de ses prises de position clairement affichées.

       Il y avait entre les deux hommes une amitié sincère et un respect sans faille. Je les revois, alertes tous les deux, la plupart du temps en short et chemisette en raison du climat de la région, marchant d’un pas décidé et insufflant beaucoup de dynamisme et de motivation à leurs apprenants.

       Ils étaient, à leur manière, serviables lorsqu’ils étaient sollicités. Que ce soit pour des cours, pour un conseil, pour une aide. Huguenin était inégalable quand il s’agissait de réparer une montre, un réveil, un poste radio, un appareil photo. A telle enseigne qu’un jour, Urbin, qui avait beaucoup d’humour et qui était devenu un ami, me dit : « Tu sais, si tu fais rentrer Huguenin dans une pièce où il y a Brigitte Bardot et une machine en panne, il ira tout droit vers l’objet à réparer et ne se rendra même pas compte de la présence de l’actrice ! » C’était bien sûr, du temps où Brigitte avait, (sans jeu de mots) d’autres chats à fouetter que la protection des animaux, devenue maintenant (sans jeu de mots, encore) son cheval de bataille !

  1. BOUMEDIEN    le 5 octobre 2011                                                                         

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Brahim Boumedien

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- Diplômé de l'Ecole Normale Nationale d'El-Harrach - Formateur (Education Nationale et Formation professionnelle) - Ancien professeur de Techniques de gestion et de Techniques d'Expression - Ancien professeur à l'ENNET - Ancien directeur de collège. S'occupe actuellement de recherche pédagogique (lutte contre l'analphabétisme, en particulier)
Site Web : http://pedagotec.e-monsite.com

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3 Commentaires
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Christian Satgé
Membre
16 septembre 2019 18 h 42 min

Bravo Brahim pour ce rappel qu’il existe en ce monde des gens qui apportent plus aux autres qu’eux-mêmes… mais c’est surtout eux-mêmes dont on se souvient. Pour tous ces êtres, souvent humbles, mille mercis de ce texte.