Une collection fondante – Marie Combernoux

UNE COLLECTION FONDANTE

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Il avait toujours aimé la neige. Tout petit, il s’y roulait dedans comme un chien fou. A présent, il guettait chaque hiver le moindre signe du ciel. Il regardait la météo tous les matins en espérant fébrilement qu’elle tombe.

Il avait attendu tout l’hiver , en vain. Février arriva, le temps s’était radouci et les gens autour de lui disaient : « ça sent la neige ! »

Une nuit, n’y tenant plus, il se leva, passa sa parka et sortit dans le jardin Ô miracle ! Il avait commencé à neiger. De gros flocons tournoyaient autour de lui et se collaient dans ses cheveux. Il leva son visage vers le ciel pour en prendre plein les yeux. Il resta là un moment, heureux, puis retourna dormir, à regret.

Mais il ne dormit pas beaucoup cette nuit-là, il lui tardait que le jour se lève pour aller satisfaire sa passion : la collection de boules de neige.

Le matin arriva enfin, il était déjà prêt. Il sortit et là ! Ce fut un enchantement : une épaisse couche de neige avait recouvert le sol et les plantes du jardin. Il la pétrit à pleines mains et s’en barbouilla le visage.

Il en ramassa ensuite une grosse poignée et commença à la rouler pour en faire une boule, puis une autre, puis une autre…

Il alignait les boules de neige ainsi façonnées sur plusieurs rangs, et s’arrêtait de temps en temps pour admirer son œuvre brillante et glacée. Il consacra toute la matinée à cette création.

Vers midi, il se décida à rentrer pour déjeuner, tout en pensant à son parterre de boules qui l’attendait dehors. Il ne mit pas longtemps à ressortir. Mais ce qu’il vit le glaça d’horreur : le soleil était sorti et réchauffait la neige.

Son chef œuvre s’était mis à suer, à couler, les boules avaient changé d’aspect : de rondes, elles étaient devenues informes. Alors, il se mit à courir dans tous les sens pour essayer de les reformer : il volait comme un fou de l’une à l’autre pour les sauver. Mais quand il avait fini une rangée, c’était l’autre qui fondait. Bref, un vrai «  travail de Sisyphe ».

Il y passa la journée et quand la nuit tomba, aucune boule n’avait survécu au soleil.

Il se coucha tard, très dépité. Pendant la nuit il lui vint une idée pour préserver sa création. De bon matin, Il se leva et partit chez Boulanger où il acheta un grand congélateur .

Il l’installa chez lui et attendit la prochaine neige.

Le mois de février était passé et mars arrivait. Et la neige elle, ne voulait pas tomber. Le congélateur tournait à vide et le collectionneur se désespérait. Il était malheureux, faute de ne pouvoir assouvir son étrange passion.

Alors, il prit une décision radicale : il décida de partir dans un pays tout froid et tout blanc. Il choisit le Québec. Il vendit sa maison et ses meubles mais garda son congélateur .

Il vit maintenant à Montréal depuis très longtemps, et il fait des boules plusieurs mois par an, qu’il conserve dans son congélateur les mois où la température se radoucit. Il ne s’angoisse plus pour savoir si la neige va tomber, il est heureux.

Les québecquois l’appellent gentiment : « le fou braque de neige »

*

©Marie Combernoux

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Marie Combernoux

Marie Combernoux (46)

je ne suis plus une jeunette, je suis née le 3 Avril 195....et quelque, j'ai été élevé jusqu'à mes 12 ans à Caussade (82) par mes grands parents , qui étaient agriculteurs et négociants en fourrage, j'ai été élevé entouré de nature, d'animaux de basse-cour, d'un jardin, et j'ai aussi appris l'occitan car entre eux mes grands parents le parlaient. Après 12 ans de bonheur , je suis allée vivre àToulouse, avec ma mère et son mari. A partir de là, ce fut une autre histoire.... je viens d'écrire un libre de nouvelles, réelles et fictives, et de poésies, j'attend sa sortie. Voilà un peu de moi, mais vous ne savez qu'une partie de ma vie riche et cahotique à la fois Bien cordialement.

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2 Commentaires
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Christian Satgé
Membre
22 mai 2018 20 h 42 min

Comment rester de glace devant cette nouvelle dont on ne sait si elle totalement sortie de votre imaginaire foisonnant ou absolument authentique à moins qu’elle ne soit comme disait Boris Vian “Cette histoire est vraie puisque je l’ai inventée” (l’écume des jours). Merci pour ce partage…
Amicalement
Christian