Un prince pas charmant ? – Christian Satgé

Petite fable affable
 
Trouvant las toujours quelque bonne aubaine
Pour ne jamais trop se mettre à la peine,
Et n’ayant de l’audace qu’au rebours
Du risque, mû par la peur de débours,
De coups bas voire même « des gens d’armes »,
Mais en faisant sans fin noise et vacarme
Autour de ses qualités, ces atours
De sa naissance au sein de hautes tours,
Un bon prince régnait avec mollesse
Aux dires des malcontents de tout poil,
Et, en plus, de n’être pas ratapoil,
Point trop pressé de marier princesse.

Car contrairement à ce que d’aucuns
Crétins croyaient, comme tout un chacun,
Il était tant laid que lâche, et sa calme
Tranquillité était la seule palme
Sous laquelle il paressait prou ayant
Assez d’argent pour, jà, ne rien faire,
Et, pis, tout le temps qu’il faut, sommeillant,
Pour le bien faire. La belle affaire !

Oncques ne vit plus mauvais suzerain
Ni, hélas, plus piètre souverain
Manants et courtisans ne l’aimaient guère
N’hésitant pas, c’était de bonne guerre,
À le flouer tout en lui reprochant
Son manque d’autorité même au champ
D’honneur car il lui aurait fallu être
Et non pas se contenter de naître,
N’ayant rien obtenu par combat.
Mais le célibat lui devint un bât.

Cette Belle était une rosière 
Qui le déniaisa. Manœuvrière,
Elle prit le dessus sur son époux
Prenant fort vite des rênes en tout
En régentant la mesnie et les terres
D’une main de fer et la mine austère.
On poussa des hauts cris : « Quelle infâmie ! »
On regrettait le bon temps de naguère
Où le Prince avait la dent moins vulgaire :
« Quelle dictature imposait la Mie ! »

 
Il en est ainsi dans tous les royaumes,
Du bureau à votre home sweet home :
Débonnaireté ne convient pas
Plus que rigidité au Guillaume
Qui contemple ce pouvoir-là d’en bas !
 
© Christian Satgé – décembre 2108

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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2 Commentaires
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Philippe X
Membre
24 juin 2019 20 h 47 min

La Mie, cette aventurière, au demeurant d’avant, était fraîche et étalait ses miches que le bon prince devait pétrir, il en aurait été autrement si poissonnière elle avait été, c’est sa raie qu’elle aurait étalée.
Revenons à notre tragédie, de Mie fraîche elle est passée à Mie rassie, sur lequel le gourmand s’est cassé les dents, se retrouvant abandonné comme un vieux croûton derriére une malle.(origine inconnue de cette expression…peut être une souris qui mourrait d’envie de se taper un rogaton ) .
Les lecteurs sont au régime….pourtant chez toi je respire le bon air contrairement au Guy sweet home.