Le loup et un autre agneau – Christian Satgé

Petite fable affable après et d’après
Le loup & l’agneau (Fables, I, 10) de  J. de La Fontaine
 
La raison du plus sot n’est jamais la meilleure :

Nous allons y venir sur l’heure.

Le loup qui, près du ru, comme un houret,

Croqua l’agneau, ronflait d’enflure.

Le réveille soudain un autre mouton immature

Qui, à sa vue, ne s’était pas tiré.

« Petit, venir troubler mon sommeil n’est pas sage !

Dit la terreur des pâturages.

Je vais te déjeuner dès avant ma nuitée.

– Tu parles ! fait l’Agneau.
D’un bond je peux fuiter

Et te semer, lalanlalère !

Me courser serait suicidaire :

Après tout ovin va courant,

Le secourant,

Un molosse au berger fidèle,

Et qui te croquera, Gros Lard, comme un limaçon.

Tu finiras en paillasson !

- Comment oses-tu, crie la bête dont se fêle

La voix outrée. Veux-tu, jeune fat, trépasser ?
– Il te faudra d’abord jeûner pour m’attraper !

Reprit notre brouteur : ton ventre traîne à terre !

– Tu es mon dessert, Téméraire.

                                                           
                                                           – Mais peur n’ai point.
– Vois mes crocs puisque tu y tiens.

L’insolence ne me plaît guère.

T’aimes le danger, vaurien ?

Y goûter clôturera notre échange ! »

Mais celui-ci ayant duré,

Arrivent les chiens en phalange

Qui le massacrent avec succès.
 
© Christian Satgé – décembre 2016

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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