Un crime au poil – Marie Combernoux

UN CRIME « AU POIL »Résultat de recherche d'images pour "portrait de salvador dali"

Depuis des années que je vivais avec mon compagnon, je l’ai vu arborer plusieurs sortes de moustaches. 

Il y a eu d’abord la petite moustache discrète genre « dandy » , bien entretenue, lavée et parfumée tous les matins.

Il y a eu après la moustache à la « Brassens » broussaille fournie, qui bougeait dès qu’il prononçait une phrase, et l’on ne pouvait pas s’empêcher de suivre cette touffe de poils dès qu’elle se mettait en mouvement.

J’ai eu droit ensuite à la moustache des années 30 style  Salvador Dali , appelée aussi « en guidon de vélo » gominée tous les matins , raide et lisse, en forme de piques acérées tournées vers le haut.

Suivit la moustache épaisse et tournée cette fois-ci vers le bas, à la mode des Gaulois : c’était la période Astérix.

Je m’étais dégoûtée depuis longtemps de ses baisers piquants et répugnants qui retenaient les odeurs de cuisine. Mon homme était pourtant séduisant mais cette manie d’orner son visage de poils gâchait tout .

Je m’étais mis en colère plusieurs fois pour lui dire que je l’aimerais mieux s’il consentait à se raser.

Mais rien n’y faisait, c’était comme s’il voulait se cacher derrière cet artifice, ou cacher sa bouche. 

Alors, n’y tenant plus, me vint l’envie de le quitter d’une manière radicale…. Mais comment ? Nous nous étions aimés depuis tant d’années et nous avions vécu tellement d’événements heureux ….et aussi d’autres plus tristes , ensemble.

Une nuit que j’étais près de lui couchée et que je ne dormais pas, il s’était endormi et ronflait bruyamment, je voyais dans la pénombre sa moustache se soulever par saccades, au rythme de sa respiration.

Excédée de voir ses poils, cette barrière à nos baisers depuis longtemps, n’y tenant plus, je me levais doucement, pris son rasoir et décidais de le raser. Ce que je fit…sans qu’il se réveilla, à peine se tourna t’il sur le côté, sans cesser de ronfler. 

Mais je ne m’arrêtais pas là, prise soudain d’une furie homicide, je lui mis le rasoir sur le cou, et je l’égorgeais .

J’avais réglé son compte à sa moustache et à ses baisers indésirés. Notre amour était définitivement mort…

Les gendarmes m’arrêtèrent et je vis parmi eux, au moins trois hommes qui portaient la moustache . Et je me dis que ma phobie des poils allait continuer…en prison !

©Marie Combernoux

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Marie Combernoux

Marie Combernoux (46)

je ne suis plus une jeunette, je suis née le 3 Avril 195....et quelque, j'ai été élevé jusqu'à mes 12 ans à Caussade (82) par mes grands parents , qui étaient agriculteurs et négociants en fourrage, j'ai été élevé entouré de nature, d'animaux de basse-cour, d'un jardin, et j'ai aussi appris l'occitan car entre eux mes grands parents le parlaient. Après 12 ans de bonheur , je suis allée vivre àToulouse, avec ma mère et son mari. A partir de là, ce fut une autre histoire.... je viens d'écrire un libre de nouvelles, réelles et fictives, et de poésies, j'attend sa sortie. Voilà un peu de moi, mais vous ne savez qu'une partie de ma vie riche et cahotique à la fois Bien cordialement.

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5 Commentaires
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Christian Satgé
Membre
23 mai 2018 18 h 26 min

Un beau texte fantasque et imaginatif… pardon imaginapoil !
Amicalement
Christian

Invité
23 mai 2018 15 h 40 min

Très beau et émouvant partage qui fait frissonner les émotions. Je souhaitais que c’est fictif,
Agréable journée
Mes amitiés
Fattoum.