La poésie faisait fondre un bonhomme de neige. Le drame ! Car ses jours étaient déjà comptés, le printemps ayant tout programmé. Au début, le bonhomme se mettait en boule, criant à l’injustice. La poésie grandeur nature, voilà ce qu’il aimait. Il rêvait d’éternité !
Regarder le soleil se poser sur l’horizon, entendre des rires d’enfants faisant l’école buissonnière, composer un quatrain au cœur d’une bataille de boules de neige, remercier la maman poule pour l’écharpe et le chapeau, sourire sur la photo de famille… Tout cela l’enchantait.
D’autres bonhommes moins chanceux étaient nés avec deux mirettes de travers ou pire sans bras. Des poètes au cœur d’or qui se chauffaient, eux aussi, au feu des belles lettres. Le comble pour un bonhomme de neige !
Tant pis, il ne serait qu’un simple fait d’hiver et ne figurerait même pas dans la rubrique des chiens écrasés ! Car il savait au plus profond de son âme qu’il aurait eu beaucoup de chance d’admirer la nature autour de lui avec des yeux grands ouverts et un enthousiasme à tous crins. Alors, il prenait la vie à bras-le-corps…
Un jour, il courut à perdre haleine et se laissa glisser dans une pente. Oh non il n’avait pas l’esprit suicidaire, vivre était trop précieux. Il roula jusqu’à devenir énorme. Ainsi, il pourrait s’adonner à la poésie plus longtemps et fondre de bonheur à petits feux.
© Laurence de Koninck
Un bien belle fable. Bien qu’elle soit en prose, elle est cramer poétique et me plaît beaucoup peut-être parce que je suis rond comme un bonhomme de neige… On ne voit mdii qu’à sa porte. Merci et bravo pour ce partage…