Le trou du hibou – Christian Satgé

                                                              Petite fable affable

 

Dans un trou,
Réputé fort sage,
Un hibou
D’un grand âge.
Sans le sou,
Dans son voisinage,
Un voyou,
As du braconnage.
Sans tabou,
Plus prompt au carnage,
Mauvais coups,
Et autres pillages
– Peu ou prou ! –
Qu’aux vains copinages
Et bagou :
Un autour à gages.
Ça dit tout
Du Garou !

L’autour envisage
Le vieux trou,
Et pour cet usage,
Le hibou,
Finira potage
Ou ragoût.
Sans plus de battage,
Le hibou,
Reçoit un branchage
Sur le cou ;
L’autour tout en rage,
Le découd.
Mais Morne Plumage
A du chou,
C’est un avantage
Chez les mous :
Il feint le claquage,
D’être dans le cirage.

Pour le coup,
Sans le mouchardage
D’un coucou
Sis dans les parages,
Le hibou
Serait mort, je gage.
Ce coucou,
Et son copinage,
Le filou
Fit fuir sans partage.
Mais surtout
Le prit comme otage,
Et ce pou
Jugé au passage,
Fut, itou,
Pendu au faîtage
Par le cou.
Foin d’écrous !

Après l’arbitrage,
Le hibou
Est en ravaudage.
Un grigou
De son voisinage,
Rat d’égoût,
Se voit en ménage
Dans son trou.
Il offre au vieux sage
Quelques coups
D’alcool qui ravage,
Met à g’noux ;
L’autre, vu son âge,
Donn’ du mou…
Le rat le soulage
De ses sous
Sans le moindre tapage,
Au bois comme au village.

Près du trou,
Pleurs et caquetages.
Le hibou
Est mort. Quel dommage !
Le grigou,
Dit : « Il aimait, ce Sage,
Boire un coup
De bon cépage !
Ça c’est fou :
Ce travers ravage
Pour le coup !
Pis, écourte votre âge,
Ruine tout
De votre héritage.
C’est dégoût ! »
Puis il emménage.
Dans le trou.
Pour quel coût ?

On se débarrasse bien mieux
D’un gêneur, ou d’un autre,
En flattant ses penchants, mon vieux,
Qu’en cultivant les nôtres 

© Christian Satgé – juillet 2011

Nombre de Vues:

37 vues
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires