Les trois tamis du véritable ami – Christian Satgé

 

 

Un jour quelqu’un vint trouver le bon Socrate :

« Dis-moi, que sais-tu des mots que j’ai appris

Venant de notre ami ?!… Ça secoue la rate !

– Un instant, répondit notre homme d’esprit.

 

Avant de raconter toute ton histoire

L’as-tu avant passée par les trois passoires ?


– Hein, euh, comment ?!… De quoi donc me parles-tu ?


– Avant de narrer ce que d’autres m’ont tu

Il faut le filtrer au grand risque de faire

Peines et chagrin à tous dans cette affaire.

Premier tamis : as-tu vérifié

Que sont stricte vérité toutes ces choses ?


– Non pas !… J’ai ouï, je ne le peux nier

Les propos en question, fit l’autre, morose.


– Bien !… Donc, en deuxième filtre : est-ce bon

Pour moi, ou plutôt genre nauséabond,

Que ces paroles-là que j’ignore encore ?


– Oh non, c’est plutôt fiente de pécore !


– Parfait, dernier crible : ce qu’il aurait

Dit, est-ce utile que je le sache, au vrai ?!


– Oh non, Socrate, tu ne pourrais que vivre

Mieux en les ignorant, je te l’avoue ! »

Petite fable affable

 

 

Notre philosophe parlant comme un livre

conclut :

 « Si ce que tu as, homme à bagou,

À me conter en belles phrases subtiles

N’est ni vrai, ni bon pour moi, ni très utile,

Garde ta salive pour toi, je t’en prie ? »

***

Face aux rumeurs et aux on-dits,  fais bon prix

De cette sagesse et fais, en bon-chrétien,

Silence pour le bien d’autrui et le tien.

 

 

© Christian Satgé – juin 2017

posté le 02/02/2018 sur le présent site

 

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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8 Commentaires
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O Delloly
Membre
2 février 2018 19 h 49 min

Avis
Un commentaire sur ce poème a été estimé comme méprisant, et donc indésirable
Plume de Poète

Invité
2 février 2018 19 h 25 min

Belle et profonde fable merci Christian, belle soirée
Amitiés
Fattoum.