Tombe la Neige… – 2 – Philippe X

 

 

CHINER ou la CHINE

 

     Rien à voir avec le virus qui colle les chocottes à la planète ( ce qui prouve bien que je rédige mes articles au jour la nuit )« Il n’est de bon bec que de Paris » (VILLON in  La Ballade des Femmes de Paris)

    C’est tendance disait la bourgeoise, aller chiner ..Ah… ça fait populo que diantre !

    Nous, nous employons le mot de « MENGAV » c’est à dire « mendier ».

    La mendicité se distingue de par le fait que l’autre vous donne (gratis pro Romano!) sans contrepartie.

    Chiner c’est fouiller, chercher, rechercher et acquérir par la suite.

    Serez-vous étonnés de l’accueil que nous réservent les gentils « pécores » de la France profonde de l’époque ?

    Au moment de pénétrer dans les cours de fermes de Haute Auvergne, accueillis comme des princes par les molosses gardiens de troupeau qui entourent votre véhicule, désireux de changer de menu du jour, rendant impossible l’approche des portes d’entrées de la ferme.

    Un frémissement d’un rideau de fenêtre, un bruissement de pas sur  la paille d’une grange, nous renseignent sur la présence d’une « âme » épiant notre présence.

    Dommage que le chien hurle, j’aurais pu entendre le cliquetis d’un fusil qu’on arme… au cas ou le « voleur de poules et d’enfants » ose descendre de son camion.

    Après deux années passées à « chiner » et à refermer des portails de cours de ferme pour échapper aux chiens qui voulaient changer le « menu du jour » (comme cet idiot de Alf qui disait : je mangerais bien un Romano), j’avais réussi à constituer une clientèle.

    Ce jour là, mon client m’avait donné un rendez-vous sur la place de l’église d’un patelin dont le nom restera à jamais gravé dans ma mémoire : Sainte Catherine.  

    La cliente, une jeune femme, nous attendait en tenue de travail : treillis militaire. « Bonjour, c’est moi qui vous ai donné rendez-vous, j’ai de la ferraille à vous faire débarrasser, veuillez-nous suivre jusqu’au village de… » 

    Surprise ! Dans la demie-heure qui suivit, nous nous sommes retrouvés devant les locaux de l’ancienne Gendarmerie d’une bourgade que, régulièrement, je visitais, pour pratiquer mon métier de récupérateur en métaux et vieilles ferrailles.

    Suivant le dicton « qu’importe le flacon pourvu qu’on est l’ivresse » je surenchérirais en disant : « Qu’importe le donneur pourvu qu’il me remplisse les caisses ».

    Devant le bâtiment,  deux représentants de l’Ordre nous attendaient revêtus de leurs uniformes.

    La « requérante » était une Schmitt…aussi !

    C’est fou ce que l’uniforme peut transformer un homme..et une femme donc !

    La benne de mon petit véhicule utilitaire ressemblait à une éléphante prête à mettre au monde une demie-douzaine d’éléphanteaux ! Il n’était pas question de surcharge. Nous venions de charger 2 chaudières, une dizaine de radiateurs  en fonte grise, et l’ancien portail en fer forgé de l’établissement. 

    « …Boirez pas un coup de vin chaud ? »

    Voilà un gars qui ne perdait pas son temps en formule de politesse ;  avant que je réponde comme un contrevenant que j’étais, l’Ordre de Mobilisation Générale fut publiée ipso facto : « …direct au bar en face »…mais ne faut-il pas, en règle générale lorsqu’on reçoit un ordre, attendre le contre-ordre pour éviter le désordre ? La maréchaussée d’antan avait du savoir vivre, c’est indéniable.

    En ce début de ce mois de décembre, le froid picotait méchamment nos corps et notre souffrance ne passa pas inaperçu à l’œil scrutateur d’un des serviteurs de la loi.

    Pichet de vin chaud, grosse omelette au lard, fromage et un coup de poire nous furent offerts. Manger à la même table que des représentants de l’ordre fut un événement unique dans ma vie. Connaissant les us et coutumes de l’hospitalité Auvergnate, nous « avons rhabillé le gamin », la poire poussant la poire, j’ai eu de sérieux doutes sur l’étanchéité de la bouteille…. à moins que se soit un phénomène d’évaporation, une sorte de « part des anges. »…allez savoir !

    « Tombe la neige… »

    Que faire et qu’y faire ? La neige blanchissait la campagne, le jour s’apprêtait à la mettre en veilleuse, pas encore présent le téléphone portable n’était pas à l’ordre du jour. Nous nous trouvions à une cinquantaine de kilomètres de notre base et le temps me pressait de la regagner.

    A la sortie du Vernet, dans une courbe, le câble d’accélérateur du véhicule s’est rompu.

    C’est à ce passage que l’aventure commence à être intéressante, elle deviendra passionnante dans les lignes qui suivront, je vous le garantis.

    Le métier dans lequel j’évoluais ne nécessitait pas de diplômes, simplement de la débrouillardise et de l’ingéniosité.

    « EUREKA »

    En nouant nos lacets de chaussures,  j’ai « bricolé »  un câble permettant d’actionner à la main l’accélérateur du véhicule.

    Et c’est de la vitre grande ouverte côté passager, que mon beau-père accélérait en tirant sur le câble de fortune.

    La neige tourbillonnait dans le faisceau des phares, pénétrant par la vitre baissée dans la cabine du camion.

    Les routes d’Auvergne sont à l’image de ses habitants : tortueuses, sinueuses, surprenantes, et mal entre tenues. Forçant l’allure, le camion en position chasse neige, c’est tout schuss que nous avons parcouru à la nuit tombée, les derniers kilomètres.

    Connaissez vous la  L.E.M ?

    Une fois prochaine je vais vous l’expliquer….

    À suivre..

 

    ©Philippe X – 01/02/2020

 

  

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