Toi mon ami le migrant – Claudette Tricoire

        Mon ami l’émigrant

Toi mon ami l’émigrant
Venu d’on ne sait où
Venu on ne sait pourquoi
Tu jaillis soudain
Avec ton baluchon rempli de hardes
Le cœur encore dans ton pays
Les yeux pleins de paysages lointains
Les yeux remplis de rêves impossibles

Toi mon ami l’émigrant
Tu sens encore le sable chaud
Tu sens encore l’odeur de la mer
Tu as franchi combien de frontières
Tu as traversé combien de barbelés
Tu as sauté combien de murs
Tu as rencontré combien de gardes chiourmes
Avant d’échouer tel un mort vivant

Toi mon ami l’émigrant
Tu connaîtras peut-être encore une prison
Et tu retourneras errer de par le monde
Tu auras peut-être un bout de papier
Et tu resteras quelque temps
Et l’on te fera une âme blanche
Et l’on te fera une histoire européenne
Et l’on donnera une vie bien de chez nous

Mon ami l’émigrant
Big Brother saura tes pensées
Big Brother saura tes espoirs déçus
Big Brother sauras tes amours aussi
Big Brother saura tout de toi
Mais ne t’en fais pas surtout
Ce sera sans amour et sans haine
C’est ainsi maintenant

Toi mon ami mon frère
Le sans papier l’’émigré
La police est prévenue
La police arrive t’arracher à tes rêves
Il te faut partir encore
Nous ne pouvons plus voir
Toute la misère du monde
Envahir notre confort
Je te le dis
Sans amour et sans haine
Car c’est comme ça maintenant

Toi mon ami mon frère
Le sans papier l’émigré
Je te dis sans amour et sans haine
Pars…. Pars au plus vite
Reprends ton baluchon
Et cours vers d’autres cieux
Le monde est assez vaste
Tu y trouveras peut-être un coin de terre
Pour accueillir ton corps fatigué
Tu y trouveras peut-être l’espoir

Toi mon ami mon frère
Le sans papier l’émigré
Nous t’avons chassé bien sûr
Je te le redis encore une fois
C’’était sans amour sans haine
Alors quand le moment viendra
Pardonne si tu peux
Pardonne si tu en as la force

®Claude Tricoire – 30 janvier 2018.

 

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Invité
2 février 2018 13 h 32 min

Je crois, ma foi, qu’avec beaucoup de bonne foi
On pourrait être des passeurs, des gens qui croient,
Des familles d’accueil pour éviter leur deuil,
Des donneurs d’espoir en franchissant notre seuil ?

Chacun peut apporter sa pierre à l’édifice,
Depuis longtemps ils savent fair’ des sacrifices
Sourire, tendre la main, du pain à manger…
Nul n’est trop pauvr’ pour n’avoir rien à partager.
Un regard à partir d’un texte que j’ai écrit. Merci pour votre réflexion.

Invité
2 février 2018 10 h 31 min

Beau et touchant texte merci Claudette, les émigrés sans papiers sont souvent victimes des grands décideurs dans le monde, de leurs situations sociales et de leur rêve imaginaire. Hélas les gouvernements d’origine manquent souvent d’une vraie stratégie afin d’insérer ces jeunes égarés sans destin, à rappeler que pendant la guerre mondiale l’Europe a vécu elle aussi une vague d’émigration vers d’autres pays dans le monde. Je trouve le phénomène est humain.Excellente journée
Très cordialement
Fattoum.