Sur le râble de l’indésirable – Christian Satgé

Petite fable affable

 

Une vielle pie, pas genre V.I.P.,
Ayant la saine sagesse des vrais impies
Qui craindront toujours moins les dieux nés des hommes
Que l’Homme né de Dieu, prosélyte en somme
Et intolérante en son particulier
Pour qui ne saurait comme elle être liée,
Boudait tout commerce avec les quelques grenouilles
Qui hantaient une chapelle toute en dépouilles
Où elle a nidifié, semble-t-il à tort :
Du sacrilège, elles lui voulaient mal de mort !

Pourquoi bêtes hospitalières en leurs textes
Poursuivaient notre oiselle ?… Au mensonger prétexte,
Qu’on ne pouvait se fier à un tel oiseau,
Venu d’on ne savait où, parlant des nasaux
Et fort mal au demeurant, pour vous être franche ;
Bête pas vraiment noire mais pas toute blanche !
Ça fait trop pour un seul et même spécimen
Pour qu’on lui dise alors, et sans ambages, amen !
Ils avaient la foi de la peur et l’âme aux drames,
Le coeur clos et le sermon plus piquant qu’épigramme.

L’oiseau eut beau s’échiner à ne pas déranger
À mener toujours une vie des plus rangées,
À s’insérer, se faire discret, rendre service,…
Maints regards ou d’aucuns mots lui étaient sévices,
Rappelaient qu’il n’était pas le bienvenu.
Ne le serait jamais. Car son air de détenu
À peine élargi ou de futur rat de geôle,
Et ses us déconnues, en faisaient glaviole !

Si d’aucuns se refusent à être convaincus,
Craignant de la sorte de se désavouer,
S’entêtant prou, c’est que ce serait s’avouer
Avoir été des cons qui ont été vaincus !

 

© Christian Satgé – mars 2019

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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Invité
4 septembre 2019 10 h 44 min

Bonjour Christian ! Merci pour cette fable dans laquelle cette pie – que l’on disait, voleuse – a bien du mérite !

Anne Cailloux
Membre
3 septembre 2019 15 h 01 min

Cela m’avais manquée, que j’aime ces textes qui me donne le sourire
et qui me rappelle parfois nos conditions qui sont les mêmes…
en pire
heureuse de vous revoir Christian..
Anne