Soirée mondaine – Christian Satgé

En ce monde hélas que l’on peut appeler « bas »,
Les Hommes étant ce qu’ils sont, en chaussettes ou bas,
Certains d’entre eux voulant valoir plus et mieux
Que d’autres organisèrent une réception,
En un grand château de l’un de ces chatouilleux
Du point d’honneur où, en bonne agrégation,
On ne retrouverait que ceux-là qui se croient
Ce qui se fait de meilleur sur Terre, hors le roi.
 
Et ce ne sont, ici, que lustres pampillés
À faire œil tourner ou pupilles vaciller
Et, partout, meubles anciens estampillés
Pour titiller les papilles, en habiller
La collation point encore présentée,
Qu’espère prou le public choisi, venu denté.
 
Entre laquais guindés et valets en livrée,
S’activent des soubrettes aux croupes livrées
Aux mains des bonnes gens si bien éduquées
Des chambrières pincées n’osant rébéquer,
Garcelettes promises à qui veut paillarder
Et jà soumises à qui voudra les gaillarder.
Une servante n’est-ce pas fait pour servir
Et un Grand, un dominant, pour asservir ?
 
Dans le Baccara, le Limoges, l’argenterie,
Les mignotes pimplochées, un ton trop haut, rient,
Les vieillottes attifurées ne sont que moues
Et mines, scrutant dans les miroirs les remous
Qu’elles provoquent encore chez ces bons messieurs,
Rentiers paressants et titrés ocieux.

Grâces ou façons et costumes en couleurs de deuil,
Tout n’est que distance, convenances, coups d’œil
Et apparences ; de faux-culs en face-à-main
On n’est que foucades et tocades, qui demain
Appelleront, las, poufferies et gausseries
Dans tous les salons dorés de cette frairie
Où s’escarmoucheront tous ces vains peignes-culs
En monocle ou lorgnon, cabaleurs  et cocus…

 
© Christian Satgé – janvier 2019

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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