Seul en sentier – Christian Satgé

Ni laquais ni valet ni page
Sous cette futaie endormie
Je ne suis jamais à la page
Aspirant et pas à demi
Au doux calme et mieux au silence
Quand la ville vous asservit
Avec bruits énervés pour nervis
Insolence à mon indolence

Dans cette campagne givrée
Sans personne chaque pas sonne
Dans la boue figée la livrée
De mes chemins qui limaçonnent
Dans le néant nu du brouillard
Écume sur la fange en croûte
Il met toute route en déroute
Vieillard vorace aux pas fuyards

Une vieille gelée fagote
Loin son bonhomme bûche au bois
Dans le froid qui me ravigote
Ombres blanchies comme aux abois
Compère Printemps lui lanterne
Sous un arbre embué pendu
Aux nues ténues soudains perdues
S’accrochent ses doigts secs et ternes

Dans cette campagne givrée
Ni laquais ni valets ni pages
Sur la boue figée sans livrée
Ils ne seront pas à la page
Et vagabonde mon esprit
Errances nées dans les vieux contes
D’antan et Dieu il s’en raconte
Dans ce vide frais et sans prix

Ma tête est toute de faconde,
Moins embrumée que l’est l’entour
L’humidité est las féconde
Quand elle enferme comme en tour
Loin de ces poésies qui pèsent
Rimes pauvres vers assonants
Et la prose qui buissonant
Pose ses clichés et fadaises

 

© Christian Satgé – mai 2017

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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6 Commentaires
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Anne Cailloux
Membre
19 avril 2019 22 h 19 min

J’ai emprunté votre campagne givré,
beau texte très parlant,
les images me sautent aux yeux..
Bravo
Anne

Philippe X
Membre
19 avril 2019 12 h 13 min

Que ces sentiers nous mènent à la connaissance de notre propre univers. Il me reste gravé ta fameuse caravane et ses mots qui pèsent encore sur mes souvenirs…l’alentour en été différent mais le cheminement semblable…. un autre voyage urbi et orbi.

Invité
18 avril 2019 15 h 29 min

Bonjour L’ami
un beau texte sur le chemin des buissons de campagne seul ou presque, la nature comme compagne qui nous parle et nous inspire la quiétude ou l’angoisse
je t’embrasse