Sans fiévreuse éloquence – Christian Satgé

Souvenances pénibles et troubles souffrances
Venues d’une enfance vécue sans nuance…
Noyée dessous les profondeurs du ciel,
Dans l’épaisseur moite d’un lourd silence
Une enfant avec une craie miel
Dessine autour d’un caillou qu’elle balance
Les carreaux d’une marelle à l’étourdie.
Sans ordre ni méthode, sans ligne droite
Pour la contraindre au bon gré, comme on dit,
Elle va à son pas. Et pas maladroite,
Elle a fait un choix celui du « vouloir » :
Elle dessine après chaque jet de pierre
Un espace protecteur, pas un couloir
Où la cloitrer voire la mettre en bière.
Elle se dessine à chaque jet de pierre,
Quelque avenir à lui inventer
Une histoire qu’il reste à conter, fière
Comme une épopée qu’il faut bien vanter,
Refusant de l’enfermer, non conformiste,
Dans un chemin tout tracé et balisé
Par des conventions. L’opportuniste
Que je suis y voit, sans en être avisé
Un manifeste de ce qu’elle veut faire
De sa vie malgré pleureuses prophéties
Et commérages qui en font une affaire

Qu’une tête d’enfant soit si libre ici.

Mon cœur de gosse sent que cette enfant-là

Sait  que la différence est solitude
Ayant compris ce qui, hélas, me rend las :
Qu’autrui souvent est une servitude ;
Que la roublarde et mesquine destinée
Ne nous vêt que de haillons et de hardes,…
Et surtout que l’imagination née
D’une liberté qui, si on n’y prend pas garde,
Est étouffée. Or c’est un don qui sauvera
De la banalité, de l’obéissance,…
Aliénant l’âme aux abracadabras
Et l’esprit à tout, sauf notre indépendance.
© Christian Satgé – février 2020

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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OberLenon
OberLenon
Invité
4 mars 2020 22 h 28 min

Très beau texte

Invité
4 mars 2020 9 h 42 min

Un beau poème qui fera naitre des réminiscences à plus d’un ou d’une. Merci Christian de l’avoir composé et publié.

Invité
3 mars 2020 12 h 36 min

Merci Christian pour ce beau et enrichissant partage.