Le retour à l’écorchure ou l’ego solaire – Snow Poppers

Tout est transformé… La lame a esquissé sur les visages l’irréversible, d’un travail avisé, martial, elle sculpte en bas-relief les émotions, meurtrissures et précieux vestiges cisaillant le temps sur les cernes et les vallons du visage, de mon visage. Rien ne s’oubli, du combat au front qui jamais ne signe l’armistice jusqu’au devant des Hommes, la vapeur froide des premières bouffées, ces douves embouées de sang qui font pâlir les corps, le soleil brûlant sur l’infantile nonchalance, les semblables, les yeux, leurs yeux; tout ripe sur ce visage et ricoche sur l’âme, où la sculpture est brutale et ne loue les apparences, où rien ne peut mourir excepté la mort elle-même… Afin que l’émotion demeure lucide, l’émoi réclame fort des mondes.

Le temps s’est étendu vers l’horizon, j’étais au nadir d’un empire qui exalte les chairs, le cerveau, la peau, lui me rendant vainqueur de la nécessité d’appartenir, un tel éclat ne saurait aveugler et l’on doit voir pour avoir la force de ramper jusque cet opaque mirage. Durant longtemps et avec douleur je contemple, je scrute et il me semble sourire, car jamais l’on ne prosterne sa vacuité devant les seigneurs, l’on gît pour ainsi dire et l’on fait office de la dévotion du corps, voici le mensonge de ces Hommes rivés sur l’Amour millénaire, le sempiternel mensonge de ce qui éblouit…
Borderline participateur, nous avons vu et nous entendons encore les sirènes, aliénantes tours qui s’érigent pour les Hommes et se confondent au bitume, hautes, proches et lointaines elles imposent, elles réclament que s’opère la joute des viscères. Nous voulions cracher la viande, nous leur tirions la langue mais hélas! Tu t’es prostré, tu t’es énucléé puis tu t’es mordu la langue, nous nous souvenons pourtant ensemble, fort d’être jonché sur du cristal et au devant de ce que nous attendions depuis trop longtemps, nous désirions et devions sagacité à ce que le passé laisse resurgir.

Mais ton égo à laisser s’éloigner la périphérie, tu n’estimais rien que la solitude d’un panorama sali. Hélas diffèrent les misères faces aux postures, hélas l’avidité atone de l’infortune, elle se saisit des élans comme des écorchures et s’empare de tout le soûl, de la vérité entière. J’ai écouté ton absurde et vu tes mains incapables, se saisir de l’impossible te semblait insensé ou la raison de te recroqueviller, je n’en tremble plus car mon coeur n’a pas attendu, la fausseté de ton insoumission, l’abnégation des divins extrêmes…

Devront encore attendre les arcanes de la beauté. Tu errones les diapasons, car ta place ment à ta place, tu n’as su croire qu’en un seul fondement, le manifeste sort qui subjugue l’existence, il tend son postérieur et sera embrassé de nouveau, je le miroite si bien… Mais c’est dommage, si l’on pourfend, si l’on ébrèche, aucune braise ne daigne plus jaillir, seule l’ombre s’exclame, tu te retournes sur toi-même et implores l’amour d’humidifier ces sèches ouvertures, en manifeste imposture tu ranges tes armes, tu t’accroches à ce que tu peux, tu fais vaquer la manie et tu laisses choir.

Navrant d’abord puis offrant tes restes au plus mendiant, si ce n’est toi qui te presse à table ta condition les dévore, s’en suit l’indubitable songe à la petite mort… Il faut réitérer cette parole, s’acquitter du pouvoir d’être mortel c’est songer toute sa vie aux moyens du suicide, un véritable prélat… Qu’il me hâte, qu’il me hâte de mirer encore l’au delà! Laissons-nous vivants opérateurs, chirurgiens de la catatonie, que le tragique qui veille ressemble à nos furtifs esprits, comme tout se voue à la dissémination, à la raison, voilà les sages continuant de parfaire nos longues insomnies…
Courage disaient les dunes, le désert ne se traverse pas sans soif, nous ne pouvons conquérir la promesse, seulement approcher ses gravures. A présent tu peux le savoir, tu dois savoir, mes larmes se languissaient et je voulais l’océan pour ses abysses à séduire, chaque goutte fût un humain qui souffrait, perdu entre Némo et Pluton. Mon inconscience livide d’un gouffre à émotion, les autres étaient des terreurs que je choyaient, un besoin vif de projeter le mal dans l’abîme, connaître la chute pour mieux s’éclater…

Étant folie pure ou génie destructeur, on ne domine le monde ni de larmes ni d’assauts, on se féconde de son pieu et on conserve précieusement le marasme, il faut vandaliser les murs de l’inconscient, accepter l’abîme comme elle est et ainsi refuser ses ostensibles présentations, ce qui est vain possède le pouvoir de son contraire et n’ayons peur du fil du rasoir. L’humanité est tout aussi vaine que la respiration, sans souffle pour le dire, sans parole pour se faire…
Revoilà le monde à mes pieds qui en veut et s’abat de rage la vague terrienne, ces foules revenues sur les chars d’Atlantide et extrêmes sont les courants contraires. Bouleversant ma si prospère tour d’ivoire et privée de la quiétude du désespoir, le très élémentaire viol du monde défonce ma carcasse, meut le vortex que sont mes viscères, je crache de l’eau, ma peur se distille en virulente terreur, mes voûtes incapables de se rompre me rendent encore la mémoire. Je répète, sinistré, la scène de la peau.

©Poppée Snow

Nombre de Vues:

16 vues
Sauvegardes Poèmes

Sauvegardes Poèmes (4)

Ce compte regroupe tous les poèmes des auteurs qui ne sont plus inscrits sur le site en tant que Membre afin de laisser une trace de leurs textes pour le plaisir des lecteurs depuis le site Plume de Poète.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires