Requiem pour un mort-vivant – Abid HMIDA

Requiem pour un mort-vivant

J’ai commencé à considérer ma vie autrement,

Apprendre à économiser ce qui pouvait rester

De mes jours et de mes nuits, à faire attention,

A marcher dans la rue avec l’air de m’excuser

A bien boutonner ma chemise et mon gilet,

De peur du froid dans une totale résignation.

Me souvenir de qui dans mes joies était bien là

Et qui dans mes peines et tristesses ne l’était pas.

Et j’ai enfin compris les vérités que je connaissais

Et que jusqu’alors j’avais tues ou préféré ignorer.

Quand je me glissais dans mon lit douillet

J’étais certain qu’au matin je m’éveillerais.

A présent dormir relève plutôt du souhait,

Ne sachant si la mort viendrait me faucher

Avant, pendant mon sommeil ou bien après.

Quand j’étais fatigué, éreinté, épuisé

J’étais sûr de pouvoir enfin me reposer,

Et quand désespéré, il m’arrivait de pleurer,

J’étais certain que mes larmes allaient sécher.

Les années se sont succédé inlassablement

Et l’automne de ma vie arriva tambour battant

Et ceux que je croyais être des Anges,

Ne se sont avérés que de vrais démons.

Quoi en cela d’exceptionnel?

Je pensais que j’étais éternel

L’aiguille du compteur montait.

Et les années de ma vie filaient.

Alors que ceux, qui dans ma prime jeunesse,

Étaient la source de mes joies, sans cesse

M’ont berné et m’ont précipité dans la tristesse.

Mes amis qui m’ont largué et oublié par traîtrise

Et ceux qui me sont revenus par pure convoitise,

Croire en leur amitié ne fût hélas que pure méprise.

Je finis par me résigner et admettre pour me consoler

Que les seuls amis capables de donner sans compter

Sont ceux qui très tôt nous ont quittés

Et ne sont plus qu’un petit tas d’osselets.

A celles que j’ai aimées pour leurs sottises,

Et à celles, qui m’ont aimé pour mes bêtises.

Je repense à Annie, à présent sur ses béquilles

Et avec qui je n’ai jamais pu fonder de famille.

Qui fût si belle et que j’aimais éperdument

Et qui maintenant porte des cheveux blancs.

Il n’y a plus rien qu’un vide sans fin,

Je suis assis…seul…dans mon coin

Et me contente de n’être plus que le spectateur

D’une fin de vie dans un monde sans valeurs,

En attendant de me retrouver enveloppé dans un blanc linceul,

Enterré dans un champ clairsemé d’hortensias et de glaïeuls.

Quoi en cela d’exceptionnel?

Je pensais que j’étais éternel!

L’aiguille du compteur montait.

Et les années de ma vie filaient.

Abid HMIDA

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