Mon rendez-vous chez Frank … – Sara Diluna

 

Cette nuit, je n’ai pas beaucoup dormi. Et pour cause, j’allais accoucher d’une prose.
Mais cette nuit, je l’ai passée avec lui. J’avais besoin d’une pause.
Alors, je l’ai appelé et je lui ai dit : “Victor, il faut que l’on cause”.
Il m’a juste répondu : “oui”.
Dans le ciel, la demi-lune semblait me narguer.
Pourtant hier, elle n’était que quartier.
Je traverse un chemin de campagne et j’arrive devant sa demeure.
La porte légèrement entrouverte, je le découvre assis sur sa chaise.
Je le rejoins et le salue par un rituel sensuel.
Il me prend la main et me rassure déjà.
– “Victor”.
– “Non, tais-toi, laisse-moi parler. Moi aussi j’ai à me confier”.
Il commença alors son discours.
– “Tu sais, tu me troubles beaucoup physiquement. Tu lui ressembles tellement”.
Je rougis timidement.
– “Tu peux te débarrasser de ta veste. Dépose-la où il te plaît.
Je le rejoignis près de son bureau désordonné.
– “Serais-tu de nouveau amoureuse, par hasard ?”.
Je rougis à nouveau timidement.
– “Seul Dieu est en droit de procréer”, me dit-il alors en détournant son regard pour le fixer, comme terrifié, sur le vide.
– “Il me poursuit jour et nuit. Je n’arrive plus à dormir ni à me concentrer. J’ai perdu toutes mes capacités”.
Il empoigna alors sauvagement mes bras comme s’il allait m’embrasser.
J’étais simplement pétrifiée.
Puis, il revint à la raison et continua son discours.
– “Chaque jour, je suis rongé par les remords car je sais que j’ai eu tort”.
Il se mit alors à hurler.
– “Mais qu’est-ce qu’il m’a pris de me prendre pour Dieu ?!”.
– “Je ne suis que le fruit d’un péché originel. Et toi tu es si belle. Je t’en supplie, Elisabeth, ne commets pas la même erreur que moi. Tu risquerais de le regretter toute ta vie”.
Il m’avait appelée par le nom de sa femme, mais je le comprenais.
– “Ce n’est pas un fils que j’ai engendré. C’est un Monstre!”.
Il cria si fort que j’en ressentis toutes ses vibrations.
Il semblait vraiment désespéré.
Je déposai alors délicatement ma main sur son épaule.
Une larme lui coula sur la joue.
– “Je n’ai pas fini, Beth. Le pire, tu sais quoi ?”.
Je ne saurais vous le décrire mais j’eu l’impression un instant d’avoir devant moi, l’homme le plus malheureux au monde.
– “La douleur m’afflige chaque jour. Et toi qui est la seule à pouvoir me porter secours. Le monstre s’est mis dans la tête qu’il faut que je lui crée … une fiancée !”.
Un long silence.
Je le regardais toujours amoureusement.
Puis soudain, nos regards se croisèrent.
– “Tu ne vas pas faire ça ?! “.

 

                                            © Sara Diluna – 26/02/2018. 

                   

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Auteure belgo italienne, j'écris et je chante à la guitare depuis l'âge de mes quinze ans.

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