Le rat des moissons et la souris du château – Christian Satgé

Petite fable affable

Un jeune et frêle rat des moissons
S’est fait comme copine
La souris qui vivait, sans façon
De vols et de rapine,
Dans le château, là, au bout du champ.

C’est, en voisine,
Amie, presque cousine,
Qu’il l’invita dans son nid, méchant
Éteuf ; et tout en herbes.
« Mais ta bicoque est turne et taudis !
Fit-elle. Beuh, j’en gerbe !…
On ne peut vivre, je te le dis,
Dans pareille piaule
Fragile, ouverte à la pluie, aux vents,…
C’est pas très mariole !
Viens donc faire un tour plus avant,
Là où moi je crèche,
Allons, fuyons ta dèche ! »

Au manoir, le rat est ébloui :
La fort grande demeure,
Construite au temps du roi Louis,
Offre, et c’est gageure !,
Chaleur, couvert et sécurité.

« Ô bien belle cabane !

– Serais-tu donc un âne ?
Dit son hôte avec alacrité,
En croquant une pomme.

– Et depuis quand ce toit est à toi ?

– Mais c’est du travail d’hommes…
Et, pas bête, j’y loge en matois
Car, sans nulle vergogne,
J’en fait de ce lieu mon chez moi ! »
Le rat dit, malentrogne :
« Pour combien de temps ? deux ? trois mois ?
Ma maison me dure
Même s’il fait froidure ! »

Puis, trois jours plus tard la souris
Revient et ,là, pleure :
Au château, un chat on a pris,
Finies ses belles heures !
Alors, toujours sur son quant-à-soi,
Notre glaneur d’épeautre
Rappelle à l’autre apôtre
Qu’il vaut mieux un petit chez-soi
Qu’un très grand chez les autres !

© Christian Satgé – octobre 2016

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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