Prière muette de mécréant – Christian Satgé

Là, dans la lumière grise de quelque église
Où un rai pouvait faire croire qu’il est un dieu
Dans les nues ou dans les limbes ou… dans les cieux,
Je priais. C’était à l’heure où le jour las s’enlise
Vers je ne sais jamais quel identique demain.
Je questionnais le Très Haut, nimbé de silence,
À propos du vain de mon maintenant, long chemin
Qui m’avai, lors, à nouveau, fait choir l’espoir des mains
Me condamnant au doute, au regret, à la dolence,…
Comme s’il était de réponse en Ses parchemins !
 
Ma jeunesse s’en va, me vient la vieillesse ;
Mais j’essuie autant de postillons du Ciel
Qui me crache sa si male humeur avec largesses
Quand, moi, à moins de fiel, voire à plus de miel,
J’aspire, sans recours aux fumées, au genièvre,…
Sans haine ni hargne, ainsi s’écrivait dans l’éther
Quelque chant païen que m’avait mis au bord des lèvres
La nuit et ses questions qui vous rendent chèvre
Sans doute, éternelles ma foi, offrant à cet air
Un relief de ferveur prou ombré de fièvre.
 
Mais à voir agenouillé un notable impie
En ce lieu saint ont tonné bien des fidèles
Qui tant croient qu’il nous faut l’ennui – ou bien pis –
Pour être sincère ou profond dessous ces chandelles,
Qu’il faut, pour communier, bruit, foules et choeurs
Pour mieux savoir que l’on croit, pour mieux le dire
Au monde quand chaque pas qu’on fait n’est que rancoeur,
Négation de ce qu’on dit au temple, par coeur.
Ainsi l’âme sereine, on peut alors tant médire
De ceux à qui le Temps dessina des rides au cœur.
 
 
© Christian Satgé – octobre 2019

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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Brahim Boumedien
Membre
14 décembre 2019 14 h 05 min

Merci, Christian, pour ce partage : la véritable foi, en effet, est à mon sens, dans le coeur et l’action. Tout le reste est tartufferie !

O Delloly
Membre
14 décembre 2019 13 h 40 min

tel chantre de la fable, vous êtes ! Sur un domaine autre, dépassant même l’alexandrin en syllabes
une ode particulière lue et plusieurs fois pour m’en imprégner, comme il devrait se faire pour chacun de nous
un ton se parfumant de la méditation, du regret… mais gardant l’espérance même diminuée
merci pour ce partage
Oliver