Présentation de “Devoir, Honneur, Sophisme, ou la Sainte Putain”

Devoir, honneur, sophisme, ou la sainte putain - Elsa Mary

L’intrigue de la pièce se déroule à l’époque d’Henry VIII, au moment où il est sur le point de divorcer d’avec Catherine d’Aragon, pour épouser Anne Boleyn.

J’ai choisi ce passage de sa vie, pas seulement parce qu’il s’agit d’un moment important dans l’histoire de l’Angleterre, mais surtout parce qu’en prenant le temps de regarder ces propos à la loupe et en comparant les différentes interprétations cinématographique connues jusqu’à ce jour de ce roi, on découvre un homme sensible, plus fin d’esprit qu’il n’y paraît, qui était impitoyable uniquement vis-à-vis de ceux qui le trompaient.

Cette prise de conscience permet de comprendre pourquoi Henry VIII fait partit des rois les plus respectés et aimés du peuple anglais (en sachant qu’ils ne sont pas beaucoup).

Durant la procédure de divorce, sa finesse d’esprit se voit dans le fait qu’il n’a pas déclaré ouvertement ce dont il se doutait depuis des années: que sa première épouse avait assassiné son frère, Arthur Tudor, dans le but de l’épouser, lui.

En effet, cela aurait été un scandale politique susceptible de provoquer une guerre avec l’Espagne, et cela, il ne le voulait pas, ce qui est une preuve d’amour vis-à-vis du peuple anglais, mais aussi vis-à-vis de Catherine d’Aragon.

Il estimait qu’elle avait été assez punie de son geste par son incapacité à ne pas enfanter de fils, il refusait de lui ôter la vie.

Historiquement, tous les historiens sont d’accord là-dessus, la mort d’Arthur Tudor reste obscure, mais aucun d’eux n’ose dire ouvertement que l’ancienne reine d’Angleterre espagnole a tué son premier mari, en prétextant qu’elle était trop pieuse pour faire un tel acte.

Cette prise de position est fragile, pour la bonne raison que l’histoire de l’Europe regorge de personnalités très pieuses qui profitaient de toutes les occasions pour commettre des crimes abominables.

Par exemple, Charles de France était un roi très croyant, comme le montre Neil Jordan dans la première saison de “The Borgias”. Pourtant, sur les champs de bataille, l’adrénaline et l’odeur du sang faisait de lui et de son armée des monstres sans pitiés pour qui que se soit.

Pour reprendre le fil de ma présentation, une autre preuve du cœur d’Henry VIII se voit dans ses rapports avec son frère aîné.

Si l’on compare avec les frères Borgias, on voit des similitudes, mais surtout des différences pertinentes!

Comme Juan, Arthur était le fils favori de son père, Henry VII. Celui-ci lui a donné ce prénom pour rendre hommage au roi Arthur qu’il admirait. Chaque problème de santé de son fils le rendait encore plus précieux à ses yeux.

Du coup, comme pour Cesare, Henry VIII était le laisser pour compte, objet du mépris paternel, ne trouvant de consolation qu’auprès de sa maman et de sa jeune sœur, Mary, et ne pouvant que crier son indignation lorsqu’un autre membre de sa famille recevait des faveurs, comme par exemple, pour l’annonce des fiançailles de sa sœur aînée, Margareth, avec le fils du roi d’Ecosse.

Mais contrairement à Juan Borgia, qui profitait de sa position de favori pour faire toutes sortes d’abus dont celui de mépriser Cesare, Arthur utilisait la sienne pour réconcilier coûte que coûte son père avec Henry VIII.

Arthur protégeait son jeune frère de tous les pics d’Henry VII en mettant en valeurs ses qualités morales, aussi considérables que les siennes.

De ce fait, les deux frères étaient très proches, et quand la santé d’Arthur lui jouait des tours, Henry VIII était le premier à appeler quelqu’un et il ne le quittait pas tant que la crise n’était pas passée.

Comme pour Ringo Star, et Jonathan Rhys-Meyer, qui ont eu de gros problèmes de santé tels que leurs parents croyaient qu’ils allaient mourir, Arthur Tudor se révélait être plus fort qu’il n’y paraissait, et donc tout à fait capable de dépuceler son épouse, Catherine d’Aragon, et de résister à la suette comme beaucoup de fois auparavant. Henry VIII le savait, connaissant son frère comme sa poche.

Après avoir empêché son père de se remarier avec Catherine d’Aragon, parce qu’il ne voulait pas qu’elle soit malheureuse (une autre marque de cœur), il a regretté parce qu’il a repensé à la mort suspecte de son frère. Tout au long de son union jusqu’à sa rencontre préparée avec les sœurs Boleyn, ce roi a cru dur comme fer que l’accumulation des fausses couches et mort-nés avec qu’une seule fille vivante était due à la vengeance de son frère, et aussi de Dieu.

Quel que soit notre position vis-à-vis de la religion, il faut dire que la coïncidence est troublante, d’autant plus qu’il s’est passé le même phénomène avec Anne Boleyn, qui n’était pas plus amoureuse du roi que son père et son oncle n’avaient de respect pour elle et sa sœur Mary.

En revoyant les faits, on découvre qu’Henry VIII voulait être heureux avec une épouse sans secrets, et qui l’aime réciproquement. Il a trouvé ce bonheur avec ses maîtresses, notamment Mary Boleyn avec qui il a eu deux enfants, et  sa troisième épouse Jane Seymour.

Dans ma pièce, je ne parle que de Catherine Carey, parce que, contrairement à ce que Philippa Grigory a dit dans son roman “Deux sœurs pour un roi” (et aussi par rapport au film), Henry Carey est né pendant la durée du mariage avec Anne Boleyn.

L’enchainement de déductions est la suivante: Henry VIII s’éprend de la douce Mary qu’il devine différente et sans secrets. Ces sentiments arrangent Thomas Boleyn et Thomas Howard, parce qu’ils obtiennent des privilèges, ainsi qu’une position de force vis-à-vis du cardinal Thomas Wolsey qu’ils détestent.

Anne Boleyn est mécontente de sa position, bien qu’elle soit dans le cœur du riche Henry Percy, après avoir été l’amante du poète Thomas Wyatt, car ce qu’elle a toujours voulue c’était dominer son père et son oncle afin de les punir de leur mépris parce qu’elle était une femme.

Son erreur a été de mettre tous les hommes dans le même sac en les prenant pour des êtres méprisants le sexe féminin.

Aussi a-t-elle profité de la naissance de la petite Catherine pour séparer Henry VIII de Mary afin de devenir reine d’Angleterre en lui promettant l’impossible, c’est-à-dire de lui donner un fils du premier coup, le tout accompagné du grand jeu de charme dont une femme est capable.

J’ai choisi le mode fictif pour montrer comment Henry VIII aurait réagi s’il avait su de prime abord que pour les Boleyn, les Howard, et le cardinal Wolsey, il n’était qu’un pigeon. Ma pièce de théâtre est le fruit d’une partie de mes recherches.

Le titre “Devoir, Honneur, Sophisme, ou la Sainte Putain” récapitule les mœurs sociales du siècle et comment on était traité lorsqu’on voulait sincèrement aimer, soit:

-“Devoir“: le devoir conjugale des époux d’engendrer des héritiers pour la postérité et ce même s’ils se détestent;

-“Honneur“: toujours en rapport avec la famille, en somme sacrifier ses opinions qui font l’honneur personnel afin de soutenir les projets familiaux quel qu’ils soient;

-“Sophisme“: le baratin du représentant de marketing qui s’adapte selon de quel côté le vent tourne, insatiable au niveau de l’immoralité;

-“ou la Sainte Putain“: surnom donné à toutes les femmes qui ont refusé de participer à ces mensonges, et qui ont voulu être heureuse sans porter de masque.

On dit qu’Elisabeth Ier s’est inspiré de la personnalité de la dernière épouse de son père, Catherine Parr, pour imposer les décisions de son règne.

Que sa belle-mère ait été son modèle spirituel pour la religion janséniste, je suis d’accord, mais cependant, pour le choix de ne pas se marier, de ne donner son cœur qu’à des hommes qui lui plaisaient et dont les sentiments étaient réciproques aux siens, son modèle n’étaient autre que Mary Boleyn, qui a elle-même adopté cette conduite du cœur indirectement par Lucrezia et Cesare Borgia, grand-tante et grand-père du roi François Ier.

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Elsa MARY, née le 15 janvier 1988, après un baccalauréat littéraire, a commencé ses études à Paris IV-Sorbonne dans le parcours Langue, Littérature, Civilisation Etrangère italien, anglais avec l'option théâtre italien, avant de se réorienter dans le parcours Théâtre, Lettres modernes à Paris III-Sorbonne Nouvelle.
Passionnée d'arts, elle a suivi des cours de sketches au café-théâtre "Le Bout", joue de la guitare, compose des partitions pour des poèmes, va voir des pièces de théâtre et des films, et continue ses recherches en autodidacte pour ses prochains textes.

Monique MORRO est née le 8 mars 1949. Elle s'est éclatée aux Baléares, pendant une dizaine d'années, en tant que réceptionniste. Puis ce fut la chute sur Paris, après un grave accident, les séjours nombreux dans un hôpital psychiatrique libre. A partir de là, elle se mit à découvrir l'écriture et le dessin automatique. C'est là où elle commença sa petite recherche en autodidacte.

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Plume de Poète
Administrateur
27 mars 2015 11 h 40 min

Merci pour votre partage historique et poétique qui me semble fort intéressant et agréable à lire.