Pétard au prétoire – Christian Satgé

Petite fable affable

Un oiseau de passage, miséreux
Comme pas deux, las, se fait par la Rousse
Coincer puis serrer comme un cul-terreux
En geôle en un pauvre coin de brousse.

Les poulets l’ont rincé du peu qu’il a
Et le corbeau l’essorera du reste,
Au demeurant quelques frusques lilas
Et les haillons las d’une vieille veste,
Ce, pour faire passer, et illico,
À ce misérable le goût du lucre
– Car il dormait dans les coquelicots !
Et celui, on ne sait pourquoi, du sucre…
Peut-être parce qu’il me fault rime en -ucre !

Ainsi, notre chemineau se retrouva
Prévenu dans un procès sans surprise
Où un pauvre est coupable, où la Diva
Justice est partie chanter pouilles en Frise,…
L’oiseau noir peu d’épices en tirerait,
La Vérité n’y gagnait rien. Qu’importe !
La paix sociale est à ce coût, très
Faible pour qui voit midi à sa porte
Et pense que hors lui, rien n’importe.

L’oiseau se défendit seul, comme un bouseux,
L’avocat commis, étant triple buse,
Couvait un rhume plutôt que ses œufs.
« Accusé de vol, si je ne m’abuse
Vous serez pendu avant la nuit

– Je n’ai jamais rien pris à personne !

 – Foutaises, qui n’a prend à autrui !

– Pauvreté n’est pas crime, je moissonne
Ce que j’ai semé quoi que l’on chansonne.
J’ai appris de mes pairs qu’on peut railler
Cette loi qui de ma vie fut la trame :
Amour propre ne voudra pas payer
Ce qu’Orgueil ne veut pas devoir. C’est drame ?! »

© Christian Satgé – octobre 2017

Nombre de Vues:

12 vues
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires