Personne n’est à l’abri – Laurence de Koninck

Un parapluie faisait de l’œil à une ombrelle,

Lui appelait la pluie, elle le beau temps,

Difficile de faire plus différent, vraiment !

Le parapluie ouvrait son cœur avec tant de passion,

Mais rien n’y faisait, ses sentiments prenaient l’eau,

Assurément il portait dignement son titre de pépin !

L’ombrelle avait mis son palpitant sous haute protection,

A l’abri des élucubrations d’amoureux aux yeux mouillés ;

La donzelle aimait parader sur la jetée ensoleillée,

Jouer l’ombrelle de Suzanne sous les rayons et le petit zef,

Blanche et verte comme dans le tableau de Monet*.

Pauvre parapluie romantique qui avait soif d’amour,

Sous une pluie de vrais sentiments et de faux espoirs ;

L’eau était son élément : la bruine, les averses, les embruns

Lui redonnaient le sourire et une folle envie de s’envoler.

Tandis que la prétentieuse au cœur sec et railleuse se pavanait,

Briller sous la lumière la rendait joueuse, une vie sans nuages.

Jusqu’au jour où les dieux ayant pitié de l’humble parapluie

Firent de la météo un atout pour le pousser dans la bonne direction :

Temps mitigé sur toute la France, sortez parapluies et parasols,

Aujourd’hui sera un jour baigné de rayons et d’ondées poétiques…

Le vent s’emmêla,  prêt à souffler quelques messages bien tournés,

Sans prendre le temps d’hésiter, voilà notre pépin par une bourrasque

Soulevé, emporté par un tourbillon d’émotions, confiant, léger,

Tant et si bien qu’il se retrouva dans les bras de sa bien-aimée,

Devenue rouge de plaisir sans bien comprendre ce qui lui arrivait,

C’était un coup de foudre, un éclair de lucidité, un joyeux grondement,

Un arc-en-ciel sur la palette azurée traduisait ce qu’ils n’osaient s’avouer.

La petite musique des cœurs à l’unisson met tout le monde au diapason,

Un signe du ciel suffit parfois, il en tombait comme s’il en pleuvait !

© Laurence de Koninck

* « La femme à l’ombrelle »

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Laurence de Koninck

Laurence de Koninck (66)

Ecrire de la poésie me réjouit,
Jouer sur les mots m’enchante,
Et tant pis si rien ne se produit,
Je repasserai si ça me chante !

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Invité
22 septembre 2019 12 h 14 min

Votre idée est originale, votre poème joliment tourné ! Merci.

Christian Satgé
Membre
22 septembre 2019 7 h 17 min

Voilà un bien beau conte joliment trouvé te tourné qui pourrait bien, si vous m’y autorisez, devenir une fable chère Laurence. Bien sû il n’aura pas le goût inimitable de cette réussite…

Anne Cailloux
Membre
21 septembre 2019 22 h 23 min

J’adore cet écrit, magnifique recherché comme j’aime.
bel écrit que celui là.
Bravo Laurence
Anne

OberLenon
OberLenon
Invité
21 septembre 2019 14 h 00 min

Joli , doux, délicieusement romantique. Une très belle écriture

O Delloly
Membre
21 septembre 2019 13 h 55 min

C est très léger , poétique de ce joli vent de mots
Merci
Oliver

Brahim Boumedien
Membre
21 septembre 2019 13 h 37 min

Une pluie de poésie ? Quelle sensation agréable ! Merci pour ce partage !