Pèlerinage – Martial Havel

Sur un coup de tête
Mon cheval m’a quitté
Il est parti, je crois, en pèlerinage
A Lourdes ou à Compostelle.

Il est parti à pied
Pour faire comme tout le monde.
C’est vrai, en voiture
Il aurait été ridicule.

C’était son rêve
Depuis qu’il était jeune.
Vingt fois, mille fois il l’avait dit
Je n’ai jamais voulu le croire.

A son âge, c’est pas raisonnable
De faire un si long voyage
Monsieur a fait la campagne de France
Il oublie qu’il avait deux ans.

Et maintenant il est parti.
Je suis seul, désemparé.
Ne sachant où écrire
Pour lui demander de revenir.

Je le vois, mon cheval
Suivre la foule simplement
Les gens le regardent
Sans le voir. Il marche au pas.

Mais à l’église, que fait-il ?
Il ne peut s’agenouiller
Comme tout le monde
Un cheval à genou, c’est pas facile.

Et chanter dans les processions le peut-il ?
Il a une belle voix de ténor
Nous avons souvent chanté ensemble.
Les autres pèlerins l’accepteront-ils ?

Si au moins il trouvait un ou deux camarades
La route serait plus facile
Mais il y a plus beaucoup de chevaux
Qui font les pèlerinages.

J’imagine sa fierté quand il sera arrivé enfin
A Lourdes ou bien à Compostelle.
Les prêtres en aube, jaloux de leurs prérogatives
Le laisseront-ils aller partout se recueillir
Comme n’importe quel pèlerin ?

Je prie pour lui, pour qu’il me revienne
Mais j’ai peur qu’à son retour
Il se prenne pour un saint.
Ce ne serait plus drôle,
On ne pourrait plus faire plus la bête
Comme avant.

.

©Martial Havel – 01/11/2018

Nombre de Vues:

20 vues
Sauvegardes Poèmes

Sauvegardes Poèmes (4)

Ce compte regroupe tous les poèmes des auteurs qui ne sont plus inscrits sur le site en tant que Membre afin de laisser une trace de leurs textes pour le plaisir des lecteurs depuis le site Plume de Poète.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

2 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Christian Satgé
Membre
1 novembre 2018 20 h 14 min

Un drôle de texte à l’humour décalé mais qui me plaît beaucoup. Juste pour votre information, et pour vous faire sourire, j’espère, les gardians et donc leurs montures pélerinent à Lourdes au mois d’octobre tous les deux ans, si je ne m’abuse. Votre imagination a juste anticiper une équine volonté de tels salutaires périples en solitaire…