XLVIII – Paulette dite Tata Popo : Amour d’un jour, amour toujours
Je vous ai parlé du grand amour des 19 ans de Paulette. Jacques qui a du décliner sa proposition de mariage sur ordre de sa matrone. Tata Popo sentait et savait qu’elle l’aimerait toujours et que « le ciel » lui rendrait son Jacques. Dans cette attente, son coeur supportait cette attente en se reportant sur ses toutous. Le ciel a du l’entendre car la femme de Jacques se fit engager comme professeur de latin et de grec au Collège et Lycée Sainte Marie à Antony, ville de résidence et d’exercice de tata Popo. Des rendez-vous secrets furent vite fixés, le feu qui sommeillait se ralluma et il usèrent de toute leur imagination pour s’inventer des séminaires de formation afin de se retrouver sur la Riviera ou devant le neiges de haute Savoie, une semaine par ci, une semaine par là. Le bonheur parfait disait tata Popo. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais tata Popo décida de prendre sa retraite en Vendée et Jacques aussi, à quelques kilomètres l’un de l’autre. Après le décès de tonton Claude, le feu repris de plus belle. Comme Paulette avait du vendre sa voiture, c’est Jacques qui lui rendait visite, au minimum une fois par mois. Bien entendu, à chaque fois c’était la fête : champagne, petits fours, câlins, danse, échange de tendres poèmes et conclusion comme le feraient deux jeunes amoureux. Jacques finit par avoir un accident à force de conduire par faible luminosité et son auto en vint à s’emboutir dans un platane. Lui s’en tira à bon compte. Par bonheur, Bernadette sa femme, se rendait souvent aux Sables d’Olonne, soit pour donner des cours de Yoga ou d’hébreux, soit pour des parties de bridge. Jacques était de tous les voyages et ne lui cachait pas qu’il allait tenir compagnie à leur amie Paulette. Même en dehors de ces heures privilégiées, Jacques était de toutes les fêtes, en tant qu’ami du couple, et accompagnait même Paulette et Claude à la plage déjà du vivant de ce dernier. Tata Popo n’avait pas honte de nous raconter par le menu détail leurs ébats insensés, se disant même inquiète en apprenant qu’à 91 ans, il commençait à avoir du diabète et que cela pourrait nuire à ses érections. Inquiétude légitime vu qu’il vivaient leurs 91 sur le mode de leurs 19 ans.
Paulette demanda même à une amie d’enfance possédant une bonne plume d’écrire deux tomes sur cette histoire d’amour : ses années-malheur sans Jacques et ses années-bonheur avec Jacques.
Quand mourut Obi, son dernier toutou, Jacques lui offrit un chien mécanique qui aboyait et qui ne quittait jamais tata Popo, qui d’ailleurs lui parlait de Jacques son bienfaiteur.
Jacques et Bernadette furent bien entendu les premières personnes que j’avertis du décès de ma tante et marraine Paulette. Bernadette me demanda de lui envoyer tout ce qui était en ma possession sur Paulette afin de la mieux connaître, dont des photos de toutes époques. Le tri fut épique et même instructif pour moi, découvrant des chapitres non rapportés de cette histoire d’amour du troisième âge.
Ni Jacques ni Bernadette ne vinrent à la messe d’obsèques de tata Popo, ensuivie de sa crémation. Je pense que Jacques n’aurait pas supporté. Tata Popo doit attendre impatiemment que « son Jacques », comme elle l’appelait, la rejoigne au ciel. J’y devine même sa dernière volonté.
Je vous proposerai un épilogue avec des photos et des vidéos de la belle vie de tata Popo dans un prochain tome. En attendant, regardons le lieu de rêve où tata Popo voulut que je disperses ses cendres.
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Quelle émotion on ressent à la lecture de ces merveilleuses retrouvailles romantiques! Le coeur si jeune de Tata Popo à pu enfin être comblé !