Face aux catastrophes survenues dans une région limitrophe, Christophe nous apostrophe et se sent l’étoffe d’un dur philosophe. S’il n’a jamais aimé les pêcheurs d’âmes, il pêche volontiers le saumon de la connaissance. Néanmoins il ne perdra plus son temps à refaire pour la parfaire une planisphère : elle lui est devenue par trop familière ! Les frontières ne sont plus la principale des barrières : par dizaines de milliards, nos vies sont prisonnières d’une trop petite planète Terre !
Il se souvient qu’on n’a jamais pu inculper les coupables de crimes commis lors d’une grève générale des indicateurs ! Il utilise le langage des informaticiens pour proposer l’image suivante : l’être humain est un animal intelligent qui boucle sans cesse ; il ne lui arrive que très rarement de sortir d’une boucle, et ce n’est que pour rentrer rapidement dans une autre. En fait il refait sans cesse les mêmes voyages à l’intérieur de l’une ou l’autre variable, prise dans des boucles très nombreuses, qui sont imbriquées judicieusement les unes dans les autres. Sa liberté consiste à essayer de choisir, parmi toutes, une boucle qui lui conviendrait mieux que les autres, et dans laquelle il pourrait décider de tourner indéfiniment ! Car il a conscience que, seul, son train-train préféré le rend cool !
Confiant en sa propre audace intellectuelle, mais loin de vouloir jouer au démagogue, Christophe tient de curieux monologues dans sa chambre du motel de l’Autoroute, quand il part en pirogue sur sa drogue virtuelle ! Il ne doute pas que la poésie soit morte depuis 1914 au moins, elle n’a pas survécu aux tranchées ; mais il veut quand même parvenir à « rêver » qu’elle existe encore un peu ! Néanmoins il ne partira plus en quête. Il reste conscient qu’aucune fiction ne parviendra à changer la réalité de notre monde !