Nihal « au Pays des horreurs ! » – Abdelkader Ferhi

                              Hommage à ses parents et Nihal assassinée

Nihal « au Pays des horreurs ! »

      Sache, Nihal, que les gens ne ressemblent pas tous à papa et à maman. Ton papa qui te prend par la main ne te l’a sûrement pas dit pour ne pas te faire peur au point de t’enfermer à la maison. Il ne te l’a pas dit pour ne pas te séparer de tes fidèles amies. L’amitié est essentielle et tu as besoin d’amies, de beaucoup d’amies pour jouer à la poupée, loin de l’angoisse et des soucis des adultes. Jamais ne se querellent et ne se fâchent les belles fillettes comme toi lorsqu’elles jouent à la poupée. Jamais ne connaissent la colère les anges comme toi lorsqu’elles imitent les mamans affairées dans la cuisine et toujours préoccupées de la santé et de la sécurité de leurs enfants.

      Désormais, sache mon ange qu’il existe des monstres dans la société où tu vis. Tu croises des monstres qui trouvent très appétissantes des proies tendres et sans défense des fillettes comme toi et tes amies. Détrompe-toi, Nihal, tu ne rencontres que des ogres et des ogresses déguisés en êtres humains ravissant les fillettes à leurs parents pour leur faire mal. Ces individus méchants et inhumains ne frissonnent ni devant la mort ni devant le sang. Ils ne ressentent pas, non plus, les souffrances des parents lorsqu’on enlève leurs enfants. Tu dois apprendre à te méfier de tous ceux et celles qui t’appellent avec le sourire, les cadeaux et les bonbons. Tu dois interdire aussi aux mains souillées de te caresser les cheveux et le visage d’Ange en présence de papa. A notre époque des apparences fallacieuses, bon nombre de gens sont hypocrites et vicieux.

        Bientôt nous transformerons notre pays en un monde tendre de merveilles où tu n’auras plus rien à craindre. Tu y seras la belle « Alice au pays des merveilles ». Jusqu’à présent, c’est toujours les adultes qui décident et bâtissent la société sans les enfants. Nous nettoierons de toutes les saletés le terreau pour que fleurisse et prospère l’innocence. Nous éradiquerons ces saletés qui sèment la terreur et empêchent les enfants de gambader dans les espaces verts. Les parents ne doivent plus jamais écouter Amnesty qui encourage les enlèvements et les assassinats des enfants innocents avant même qu’ils aient franchi l’étape de l’adolescence.

      Seulement, il faut des hommes, beaucoup d’hommes comme papa et surtout de l’audace pour réformer radicalement notre société et la débarrasser de tous les virus. Pour le moment, Nihal, rejoins les Anges qui t’attendent au Paradis. Rejoins-les pour achever tes jeux interrompus avant de nous quitter. La nuit, tu rendras certainement visite à papa, à maman et à ses sœurs et frères qui glissent toujours ta photo sous l’oreiller avant de s’endormir, les yeux larmoyant. Pour les parents et les Amies, tu es toujours présente, encore plus omniprésente…

                                                                                                                                                     Abdelkader FERHI

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Abdelkader Ferhi

Abdelkader Ferhi (16)

Abdelkader Ferhi est né le 30 janvier 1951 à Tipaza. Il a fait ses études primaires et moyennes dans sa ville natale, secondaires au lycée Ibnou-Rochd de Blida et supérieures à l’université d’Alger. Titulaire d’une licence en lettres françaises, il a enseigné de 1976 à 2011 au lycée Mohamed Rékaizi puis Taleb Abderrahmane de Hadjout. Il a été aussi chargé de l’encadrement des professeurs du moyen à l’Université de Formation Continue. Abdelkader Ferhi a commencé depuis 1972 à publier des poèmes dans des anthologies de prestige et à collaborer aux journaux nationaux et étrangers. Aujourd’hui retraité, il se consacre pleinement à l’écriture littéraire. L’auteur de « Soleil Totémique » est connu du public Algérien par ses poèmes publiés dans des anthologies, ses contributions à la culture et ses articles de presse.

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6 Commentaires
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Christine Gautheron
Invité
24 décembre 2017 2 h 31 min

C’est poignant! les larmes existent

Invité
9 décembre 2017 22 h 56 min

Cet écrit est particulièrement touchant à mon cœur de mère.
Vos mots tout en pudeur et retenue évoquent la douleur de cette abomination et
avec tendresse et douceur ouvrent la porte à l’espoir d’une société plus belle …
Merveilleux hommage à cette petite Nihal…
Merci

Chantal

O Delloly
Membre
9 décembre 2017 22 h 36 min

Remarquable écriture toute en douceur et d’émotions, pour décrire ce moment tragique inhumain
c’est le plus bel hommage que j’ai pu lire, narrant l’espérance au sein de la douleur
Je le ferais lire et relire assurément pour que jamais ne s’oublie en notre mémoire votre Nihal
cordialement
Oliver