Nature vive – Christian Satgé

      

Feu follets sans foi,
Je les vois, parfois,
Quand s’envolent les bernaches :
Ils sont deux ou trois
Sur le tronc étroit,
Poursuivis d’un roux panache.
Ces lutins des bois,
L’oeil rond, aux abois,
S’amusent à brise-ganache :
En l’air, ils s’envoient ;
Leur convoi louvoie
Sans que rien les harnache.

Ils jouent leur geste, si prestes,
Si lestes, jamais en reste…

 

On n’est pas benoît
Chez les Casse-noix :
D’un arbre à l’autre, on se crashe !
L’un court, sans effroi
Se fait un beffroi
D’un pin sur qui le vent crache ;
Une branche ploie,
Tremplin d’un exploit :
Le second, d’un saut, s’arrache
Aux doigts froids du bois,
Sa queue qui flamboie,
Dans les gris, les bruns se cache.

Ils jouent leur geste, si prestes,
Si lestes, jamais en reste…

Le dernier s’assoit,
Seul. Je l’aperçois
Qui se lisse les moustaches
Comme un bon bourgeois,
Obscur rabat-joie…
Plus rapide qu’un potache,
Il chahute et choit
Au gré de ses choix.
Vite, il n’est plus qu’une tâche…
Et plus rien ne vois
Sous la claire-voie !

Ils jouent leur geste, si prestes,
Si lestes, jamais en reste…

 

© Christian Satgé – juillet 2011

 

 

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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4 Commentaires
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Laurence de Koninck
Membre
6 mai 2018 0 h 09 min

Vos lutins des bois sont de véritables artistes. J’applaudis leur talent et le vôtre !

Invité
4 mai 2018 13 h 53 min

Bonjour Christian

À vous lire, je revois leur vélocité exceptionnelle et
toutes leurs acrobaties, toujours charmantes et étonnantes
Ces reflets roux dans les arbres…. en sauts improbables…
Merci pour ce joli poème
Amitiés

Chantal