Murmure de la mémoire – Amadou Lamine BA

Une larme vient se réfugier
Au coin de mon œil
Pendant toute la nuit
Elle parle toute la nuit
Mes regards s’éloignent
Au-delà de l’horizon du soir
Tes caresses de crépuscule me manquent
Toi qui prenais mon chemin
Comme une feuille emportée par le vent ce soir encore
Sur mon petit lit pas encore défait
Je laisse mon corps à la nuit
Je fige ton nom dans l’écran du soleil
Suis-je en éveil
Suis-je en réveil
A quel sommeil j’ai confié mes songes
T’ai-je fait pour mériter ton absence sur les traces du souvenir
Je me retrouve dans le noir
Seul avec ma mémoire
Pour écrire notre histoire
Nos défaites et nos victoires mon esprit s’est habillé de ton souvenir
Tout ton souvenir
Beauté sans pareil
Yeux imparables
Tout en toi semble indomptable
Ta chevelure comme un parjure quand je pense à toi
Toi qui venais polir jours
Et je dansais sur tes paupières
Nu comme la nuit sur le sable nu
Sous le feu d’une chandelle
Dansant au clair-de-lune
Dansais je dansais à même
Les sables des dunes
A même les racines des filaos chaque soir la nuit noire
Au loin sur les collines et baobabs

Hors des nuits noires de la vie
Et seul prés de la nature sentir l’air frais
Me confier au vent et aux oiseaux
Loin des fauves de la ville
Loin de tout loin de rien
Jusqu’à ce que je te retrouve
Que tu reviennes entre mes doigts
Entre mes songes

Laisse-moi te dévoiler sous les lunes
Où dorment tant de voluptés
Révéler cette tigresse en toi sans masque
Et nager dans ton océan de caresses fines
Me porter dans tes laves
Et que je me consume en toi
Même si je dois vendre
Mon âme au diable

Pour toi jusqu’au
Bout de ma vie je te réciterai

Dans mon corps qui dort
Dans ce temps mort
Livré à mon sort
Et avec tous mes sentiments
Je t’appelle et te rappelle
Viens
Toi que j’attends
Je ne peux être qu’à toi
Ton amour sera ma foi ma loi

Sans toi je suis
La main sans doigts
Le chanteur sans voix
L’hiver sans froid
Le château sans roi
Le chasseur sans proie

Ce soir encore et encore
Ton absence me dévore
Ton silence tisse mes lassitudes
Et solitudes
Je ne suis qu’un triste nœud
Affamé de tes rires de rivière enchantée

Dans la tristesse
Je cherche un bonheur qui tarde
Qui tarde
Un bonheur qui peine
Une peine qui prend de l’âge
Je cueillerai demain
Comme dans un rêve troué
A la lisière des commissures de tes lèvres
La rosée des matins inconnus du monde
Je serai alors généreux comme l’hévéa

Mes yeux dans le noir se fanent
Je marche le cœur meurtri
La peine au plus profond de la gueule
Moi-même
En moi-même
Au fond de moi-même sont venus
Vomir toutes les détresses de l’amour

Ton absence m’étreint
Mon cœur me manque
L’imparfait me dévore
Je suis un tunnel sans issue
Dieu me fera-t-il revoir tes yeux
Compter tes doigts

Sur moi je porte les cicatrices
De nos rêves avortés
Tes paroles de jadis fleurissent
Encore mon esprit

Mon cœur t’appelle
Alors que tu l’as déshabillé
Dans la mer que personne ne me repêche
Que personne ne parle à l’eau
Toi seule parleras aux marées

Sur mes lèvres danse encore ton sourire
Quelque part un jardin ordonne
La naissance de fleurs
Une terre des fruits
Pour la providence
Le rêveur courtise
L’empire des sens

Quand je te retrouverai
Je te chanterai une belle chanson,
Une chanson du terroir de mon cœur
Un hymne à tous les malheureux
Une symphonie pour tous les amoureux
Accepte que je sois l’abeille
Des fleurs de ta bouche
Le seul oiseau de ton nid

Je dessinerai ton nom
Au tronc de chaque baobab
Dessinerai mon cri
Aux flancs des tempêtes
Durant le jour
Durant la nuit
Sous un ciel bleu
Sous un ciel gris
Je te dessinerai jusqu’à l’ultime
Fin de ton corps

Quand je te retrouverai
Nous quitterons ce monde
Qui pleure à l’infini
Ce monde offert aux flammes
Comme une usine de gaz
Ce monde où la jeunesse est chassée
Comme un chasseur
Sans son chien dans la foret sauvage

Nous trouverons un pays
Où les saisons sont pleines de fruits
Où tout s’éveille
Aux chants du jour
Aux chants de la nuit

Mon automne est sans visage
L’exil s’ennuie dans le flot des mots
Il se noie dans les jours
Qui respirent le vide
Je n’écrirai pas sur la mort
Qui marche sur les hommes
Ni sur l’ombre qui recouvre la neige

Sur la braise de tes yeux
Sur cette lune gisante en moi
En ce ciel prêté à la grêle
Parmi tous les voiliers en dérive
Reste seul le balcon bleu de ta poitrine

 

©

Amadou Lamine BA

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