Moi et madame Clara – Fattoum Abidi

 

Madame Clara et moi

Madame Clara et moi, nous étions deux amies fidèles l’une à l’autre. Elle était la concierge de l’immeuble où j’habitais. Elle avait quatre vingt ans. J’étais jeune et je ne crois pas à la différence d’âge. Pour moi c’est la mentalité des gens qui compte. Madame Clara habitait seule dans une pièce en bas de l’immeuble. Son demeure est propre et coquet. Elle était élégante malgré qu’elle n’était pas riche elle tenait bon qu’elle repasse ses vêtements avant de les porter.
Une fois par semaine elle fait le parterre, et elle vide les poubelles de notre immeuble. Malgré son âge avancé, elle tient à travailler pour vivre.
Ce matin ma tête m’a rappelé les souvenirs liés à cette noble dame. Elle vivait avec sa chienne Flora. Cette chienne est très intelligente.
Madame Clara me parlait souvent de son amour du travail, de sa fille unique qui habite en Amérique et qui s’est mariée à un américain. Et elle me parlait de son frère le maçon qui habite l’Italie après avoir travaillé en Tunisie dans la construction des immeubles lors de la colonisation française. Quand l’architecture était une œuvre d’art. Dont le bâtisseur prenait le temps et le plaisir de faire son travail. Les yeux se plaisaient de contempler les belles rues de ma belle Tunisie.
Le temps a teinté les cheveux de mon amie en blanc. Et il lui a fait la courbe au dos. Fatiguée par le travail quotidien et répété, Madame Clara ne fait que résister pour survivre.
Un jour en descendant les escaliers pour aller au travail je suis passée dire bonjour à madame Clara en lui disant si elle a besoin de quelques choses. Je frappais à la porte, après un moment mon amie m’a ouvert sa porte. Elle était triste et silencieuse. J’étais choquée. Car d’habitude madame Clara est souriante. Je lui ai dit:
– Bonjour madame Clara comment ça va ?
– Elle m’a dit ma chienne est malade
– Non elle ira mieux
– Elle a de la fièvre, je vais appeler le vétérinaire pour prendre un rendez-vous
– Voulez-vous que je le fasse à votre place ?
– Non ma fille allez à votre Boulot je me débrouillerai.

Je suis sortie de l’immeuble triste. Car je ne veux pas voir mon amie dans cet état.

Entre moi et madame Clara le problème de la religion ne se pose pas. Parfois le dimanche elle m’apporte une assiette des pâtes à l’Italienne. Et moi je lui donne une assiette de couscous à la tunisienne. Notre amitié fut sincère. Et elle se ressourçait du bon voisinage et de l’amitié sincère.
Mon amie malgré son âge avancé. Elle travaillait quelques heures de ménages chez les gens afin de joindre les deux bouts du mois. Elle repassait les vêtements chez ses employeurs.
Sa chienne Flora m’aimait beaucoup. Elle avait le flair que je suis une bonne âme. La compagnie des animaux domestiques nous apaise la solitude. Et elle nous crée un lien solide d’amitié avec eux.
© Fattoum Abidi 3.3.2016.

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6 Commentaires
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Alain Minod
Membre
26 mars 2016 20 h 35 min

Merci beaucoup pour ce texte-récit ! Il me rappelle mes années de facteur . J’ai rencontré bien des concierges et je n’en ai pas trouvée une qui ne soit attentive et généreuse dans ses services comme dans les échanges qui restaient bienveillants et généreux ! J’aime beaucoup la manière dont vous avez décrit votre relation très amicale avec l’une d’elles ; c’est chaleureux et tendre , en un mot plein d’empathie , y compris pour cet animal qui accompagnait la dame ; j’aime ce sens d’Humanité . Recevez mes meilleurs sentiments d’amitié . Alain Minod

Véronique Monsigny
Membre
3 mars 2016 16 h 31 min

Madame Clara est le portrait typique des “concierges” des immeubles parisiens jusqu’aux années 2000. La vente des appartements “à la découpe” a supprimé les loges et ces gardiennes jugées inutiles. pourtant, comme toi Fattoum, je peux témoigner que ces personnages étaient l’âme de nos immeubles et le liens entre les locataires. J’avais moi même pour amie la gardienne de mon immeuble qui, bien que beaucoup plus jeune, ressemblait beaucoup à madame Clara. j’ai pleuré dans ses bras lorsque j’ai du déménager au bout de quarante ans, chassée par les promoteurs immobiliers…

Brahim Boumedien
Membre
3 mars 2016 12 h 17 min

Merci, Fattoum, pour ce généreux partage prouvant que l’amitié désintéressée est la plus solide, la plus véritable, la plus sincère, la plus humaine.