Mémoires, pages 32 à 34 / 311, par Dominique Capo

Ma seule alternative a donc été de concentrer mon attention sur la devanture présentant les innombrables livres disponibles. Il y en avait de toutes sortes, comme c’est encore le cas dans n’importe quel supermarché digne de ce nom. Là, il s’agissait de Bandes dessinées. Mais, une fois encore, il n’était pas de ma prérogative d’en amasser. Le collectionneur de Bandes dessinées, c’était mon père. Régulièrement, il revenait chez nous avec quelques unes d’entre elles dans les mains. Après avoir quitté son bureau du Ministère de l’Intérieur, il devait certainement de temps en temps effectuer un détour dans une librairie du quartier où était implanté celui-ci. Il en prenait deux, trois, quatre, davantage éventuellement. Et elles complétaient les collections qu’il suivait. Ils enrichissait des séries telles que « Blake et Mortimer », « Yoko Tsuno », « Astérix », « Tintin, « le Scrameustache », « les Petits Hommes », « Gaston Lagaffe », etc. Et c’est comme ça que, dès mon plus jeune age, je me suis plongé avec délectation dans ces récits. Ce, malgré le fait que j’aie pour instruction d’en prendre le plus grand soin. Mon père me l’a assez souvent répété.

Ce n’est qu’une fois devenu adulte et indépendant que j’ai pu constituer mes propres collections de Bandes Dessinées. Pour l’heure, les seules que j’avais l’autorisation de m’approprier de ma propre initiative étaient rattachées aux Marvels, aux DC Comics ou à Pif Gadget.

Ce qui, il faut bien l’admettre, ne me laissait donc pas énormément de choix en parvenant aux abords des allées consacrées aux livres et à ses dérivés.

J’ai tout de même jeté un coup d’œil aux Bandes Dessinées que mon père n’avait pas et qui me faisaient envie. Je soupçonne que j’ai dû caresser avec tendresse la couverture de quelques unes d’entre elles. On ne se refait pas. Quand on a l’amour de ce genre d’objet dans le sang, il nous suit de l’Aube au Crépuscule de notre Destinée je suppose. J’ai ensuite tourné mon regard vers les rangées de romans qui s’étalaient de tout leur long de part et d’autre de la rangée. J’ai décrypté les appellations de certains d’entre eux. Je me suis emparé de plusieurs afin de les feuilleter ou de survoler leurs résumés. Je les ai réinstallé à leurs emplacements. J’en ai empoigné d’autres, hésitant.

Car ce n’était pas parce que j’étais un lecteur insatiable que j’étais capable de deviner si tel ou tel ouvrage allait me plaire. La seule expérience en ce domaine, je la devais à mes parents. Ils me conseillaient sur ce qui leur semblait être intéressant ou enrichissant. Ils prenaient garde à ce que ce soit des romans des mon age ; voire légèrement plus développés. Mais comme mon niveau de lecture était excellent depuis que j’avais commencé à savoir lire, cela n’avait pour moi aucune importance. Je ne voyais aucune différence. Et je m’y plongeais avec le même engouement que s’il avait été d’un abord aisé. Le principal était que je passe des heures exaltantes et épanouissantes en sa compagnie. Je n’exigeais rien de plus. Mon père et ma mère, de leur coté, désiraient uniquement m’encourager dans cette voie. Et, pour une fois, mon père s’investissait autant que ma mère pour m’épauler à ce sujet.

Par contre, seul, je me sentais perdu. Incapable de définir quel type de livre serait susceptible de me transporter, j’ai eu l’impression de me tenir aux extrémités d’un précipice sur le point de m’avaler. Ce n’était pourtant pas la première fois que je me retrouvais dans une telle situation. Mais j’avais davantage d’aisance avec le rayon jouet qu’avec le rayon littérature. Et puis, d’habitude, il y avait toujours une grande personne à mes cotés pour me guider.

D’autant que mes parents étant eux aussi de grands lecteurs – autant l’un que l’autre -, il a été fréquent qu’ils séjournent plus ou moins longuement dans des librairies. C’était rare, puisque mon père sortait rarement avec nous. Mais quand c’était le cas et que nous nous promenions dans les rues commerçantes de Paris, et notamment le long du Boulevard Saint-Michel ou le long du Boulevard Saint-Germain réputés pour leurs innombrables librairies, ils ne manquaient pas d’y faire des haltes. De fait, comme je les accompagnais, ils m’en offraient en même temps qu’ils s’en achetaient.

A suivre…

Nombre de Vues:

8 vues
S'abonner
Me notifier pour :
guest

2 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Invité
24 août 2017 13 h 02 min

Merci Dominique très beau texte, les livres sont nos lumières de savoir et de bien être.. La lecture est une vertus enrichissante excellente journée
Mes amitiés
Fattoum.