Mémoires, pages 21 à 23 / 311, par Dominique Capo

Aujourd’hui, j’y suis davantage réceptif. Mais je suis toujours très sélectif en ce qui concerne les textes de Science-Fiction que j’apprécie. C’est la même chose pour la Fantasy, bien que j’y sois plus à l’aise en tant que lecteur.

J’étais sur le point de quitter les lieux, insatisfait des publications que mes yeux venaient de parcourir, lorsque l’une d’elles m’a soudainement captivée. Malgré ma concentration, elle avait échappé à mon regard.

Ce qui a tout d’abord mon attention tout d’abord, c’est son frontispice : « Le Sorcier de la Montagne de Feu ». Quel étrange intitulé ! Intrigué, je m’en suis emparé. J’ai lu son résumé, au dos de sa couverture. Cela parlait d’aventures avec des sorciers, des trolls, des gobelins, des dragons, de trésors, de labyrinthes. Mais, ce qui m’a le plus interloqué, c’est le petit bandeau inédit apparaissant au sommet de celui-ci. Jamais je n’en n’avais aperçu ailleurs au cours de mes innombrables lectures précédentes : « Un livre dont vous êtes le héros ». Et tout en bas, retranscrit en gras : « Deux dés, un crayon et une gomme sont les seuls accessoires dont VOUS aurez besoin pour cette aventure dont VOUS êtes le héros ».

Ce qui m’a immédiatement frappé dans cette phrase, c’est le « VOUS » marqué en majuscules. C’était la première fois de ma vie que je décryptais de tels propos. Les myriades d’ouvrages que j’avais dévoré jusqu’à présent n’avaient rien à voir avec les qualificatifs qu’il présentait. Et je dois avouer qu’ils m’ont à la fois subjugué et interloqué. Quels mystères renfermaient t’ils ? Quel univers cachaient t’ils ? Quelles énigmes dissimulaient ses paragraphes si succincts et si riches de promesses ? Quels imaginaires étaient sur le point de m’ouvrir leurs portes à l’intérieur de cet ouvrage si différent ?

Bien entendu, dans la foulée, je l’ai rapidement feuilleté. Sans lambiner sur son contenu, ce sont surtout ses illustrations qui m’ont laissé perplexes. Car, comme sa notice d’introduction l’annonçait, il s’agissait effectivement d’une sorte de déambulation littéraire accompagnée de dessins représentant monstres mythologiques ou semi-légendaires de toutes espèces. Il y avait là des minotaures, des zombies, des hommes-lézards, des sphinx, des hydres. Les suivaient des représentations de pièges : des trous creusés au milieu de corridors au centre desquels étaient fichés des pieux pointus ; des murs de couloirs qui se rapprochaient l’un de l’autre jusqu’à finir par écraser celui qui empruntait ce passage ; des grottes gigantesques aux stalactites et aux stalagmites démesurés. Les escortaient des dortoirs où s’entassaient des guerriers farouches aux regards de feu et bardés d’armes ; des laboratoires de magiciens s’adonnant à des expérimentations maléfiques…

Ensuite, lorsque je me suis penché les textes auxquels ses illustrations renvoyaient, là aussi, ceux-ci étaient également éloigné du canevas habituel. Ils étaient, pour la plupart, constitués de paragraphes d’une dizaine à une vingtaine de lignes chacun. De temps en temps, l’un d’eux était plus développé que les autres. Il remplissait un feuillet. D’autres fois, ils ne s’étalaient que sur une ou deux lignes. C’était énigmatique. Mais ce qui l’était encore plus, c’était la façon dont tous se concluaient : « Si vous souhaitez vous diriger dans telle direction, rendez-vous à ce numéro. Si vous désirez accomplir telle action, rendez-vous à ce numéro. Si vous vous sentez assez fort pour affronter cette créature, rendez-vous à ce numéro. » Et lorsque le paragraphe était consacré à un combat, des caractéristiques spéciales telles que « Habilité », « Dextérité », « Force » ou « Chance » par exemple, y apparaissaient avec des chiffres.

Mais surtout, en haut de chaque paragraphe se discernait un autre numéro. Et j’ai très vite remarqué qu’il allait de 1, au tout début du livre, à 400, à son ultime page.

Vraiment ce « Sorcier de la Montagne de Feu » me questionnait vraiment. C’était pour moi un Ovni ; il me déstabilisait. Mais, paradoxalement, il m’insufflait une nouvelle énergie. Il m’attirait irrésistiblement. Tel un aimant parlant directement à mon imaginaire, attisant les flammes ardentes de ma curiosité, il a été la pierre angulaire de l’édifice dont je suis le résultat aujourd’hui. Si je ne l’avais pas tenu entre les mains ce jour là, si ce qui le distinguait des autres ne m’avait pas interpellé, qui sait quel homme je serai à l’heure actuelle ?

A suivre…

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