Matin de la Saint-Martin – Christian Satgé

Quand l’été se dévêt aux nues
Et ne fait plus qu’obole de sa lumière,
Quand les branches se mettent à nue,
Il est temps de s’offrir, en notre chaumière,
L’un à l’autre dans un regard
Et puis, l’autre à l’une, dans un simple sourire,
De s’aimer avec quelque égard,
De s’occocouler, de se chérir et de rire.
 
Quand la nuit un peu froidie,
Se désobscurcit, quoique plus alourdie d’ombres,
Et que l’herbe au pas se roidit
Au silence tout neuf né de cette pénombre,
Il faut laisser cours à l’envie,
Et faire courir sur nos corps-à-corps des souffles
À redonner vie à la Vie,
Qui elle, déjà, au dehors, un peu s’essouffle.
 
Quand le jour naissant se sait court
Et nous habille de nos premières laines
Sans nous rendre pourtant moins gourds,
Il est temps d’ensemble perdre vent et haleine,
D’exhumer nos folles pensées
De s’offrir aux plaisirs et à la dolence,
À une intimité passée
Au crible de nos plus inavouées doléances.
 
Quand la brise soudain se fait
Bise et que s’alentit la sève, l’écorce
Ou que s’enfume, las, défait,
Le feu du ciel sans que, déjà, ne s’amorcent
Les grands gels encore, il nous faut
De nos prosaïques amours faire un poème
Qui nous soit soleil et réchaud,
Écrit à la caresse. Et aux baisers de même.
 
© Christian Satgé – juin 2019

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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OberLenon
OberLenon
Invité
31 octobre 2019 17 h 16 min

Un poème d’une intensité et d’une richesse extraordinaires

Anne Cailloux
Membre
29 octobre 2019 22 h 18 min

Avec vous, nous allons aimer toutes les saisons>.
<très belle saison, on à envie d'y rentrer à vos cotés.
Bravo pour cet exploit
Anne

Brahim Boumedien
Membre
29 octobre 2019 20 h 59 min

Merci cher ami, pour le partage de cette façon d’envisager la vie et de lui prévoir ce si beau programme !

Invité
29 octobre 2019 12 h 13 min

Christian, j’aime beaucoup votre joli texte qui me réconforte, à l’idée que la “mauvaise” saison arrive, et qu’elle je ne n’apprécie pas. Merci.