Mare à l’amarre – Christian Satgé

Un étang a jeté l’ancre auprès de ma maison
Amarré au saule pleurant toutes ses feuilles 
Qui pleuvent leurs peines jusqu’à la déraison,
Toujours, quoi que l’on en dise ou que l’on en veuille.
Noyées dans les vapeurs de nos matins d’été,
À corps perdu dans l’eau de là, elles se jettent,
Étranglées par les encyclies sans trompéter,
Avalées par les clapotis n’en laissant miette.
 
Gardiens de l’onde, massettes et roseaux 
Balaient les gouttes d’argent d’un miroir opaque
Endormi sous un ciel dépoli d’où l’oiseau
Plonge pour réveiller, un instant, cette flaque.
 
L’onde sage caresse des berges herbues,
Et des rives moussues où jamais ne murmurent
Ni se susurrent ces eaux dormantes tant bues
Par une faune que la nuit souvent emmure.
Cet étang frémissant, que ride un cheveu vert
D’ondine affleurant en surface, et où se pose
Le nénuphar qu’elle y mettra jusqu’à l’hiver
Vit en reflets brillants et en ombres moroses.
 
© Christian Satgé – décembre 2018

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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Invité
19 juin 2019 13 h 33 min

Une métaphore bien vivante ce texte est beau et différent j’aime beaucoup