Maigre matinée – Christian Satgé

 

Mon oreiller n’en fait qu’à sa tête,
Mon drap s’est enfui au plus loin,
Ma couette fait des creux, des crêtes
Et l’édredon, lassé, s’en est disjoint,
Laissé à l’abandon, en désordre,
Dans un lit, où à n’en pas démordre,
Mon réveil n’est que brutalité
Comme ma nuit fut agitée.

Yeux collés, cheveux en bataille,
Reprenant, au jour, vie et vigueur
Ma bouche grimace. Elle n’est qu’entaille.
Je me sens las et l’esprit fugueur.
Le geste gourd, prompt à paresse
Suis perclus, tout en maladresse,
Et me semble lent à concevoir,
Tardif à exécuter, piètre à voir,…

J’émerge, comme absent à moi-même,
En automate habitant mon corps
Rompu, brisé,… et ma face blême
Pas plus reposée, chiffon encor’.
Et si l’ombre enfin pose ses ailes
Mes rêves ne font, las aucun zèle
Pour me fabriquer des souvenirs,
Me donner élan pour revenir.

Et ainsi, dans un silence immense,
Pour moi, un tout nouveau jour commence.
Un jour qui sera sans joie ni jeux,
Un jour sans feu ni foi, nuageux
Sous votre soleil, où je serai
Dans votre multitude, égaré,
Seul car toujours séparé de toi,
Alors qu’on festoie et se tutoie…

***

© Christian Satgé – octobre 2018

 

 

 

 

Nombre de Vues:

19 vues
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires