L’ouvrière au rapport – Christian Satgé

Petite fable affable

Une jeune abeille, tout sucre et tout miel,
Se présente au rapport devant sa mère et reine.
« Au lieu où tu allas, comment est le ciel ?

– Ni nuages ni vent, ma grande souveraine.

– Mais, ma fille, est-il bleu ? Est-il gris ? Est-il noir ?

– Je ne sais et ne peux retourner : il fait soir.

– Soit ! Toi qui vis ces prés, là-bas, qu’est-ce qu’ils offrent ?

– Peu de coquelicots et guère de bleuets.

– Mais pour le reste, du bon pollen pour nos coffres ?

– Je l’ignore mie. Je n’ai pas vu de genêts.
Peu de crocus. Point de lys,… ni de bruyères. »
Répond, en faisant sa sucrée, notre ouvrière.

« Hélas, avec toi, je ne pourrais donc savoir
De ce qu’au delà de l’horizon on trouve ! »
Fit la reine fort lasse de ce vain bavoir.
D’un bruissant vrombir, des soldates l’approuvent.
Mais une nourrice osa, plus tard, ce bon mot
Qui fit le buzz à la ruche, chez les marmots :
« Quelque séjour où tu vives, que tu fréquentes,
Les choses marquantes, souvent, sont les manquantes ! »

© Christian Satgé – mars 2015

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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