L’impertinent et les carabins – Christian Satgé

Petite fable affable

Un pauvre loupiot, quelque peu morpion,
Jouant plus des méninges que des arpions,
Se morfondait de voir tomber en sa famille
Tant de parents, non à cause des banderilles
Des Hommes, mais à cause de ces maladies
Qui mordaient plus de morceaux, même refroidis,
Qu’elles n’en pouvaient gloutir mais qui, las sans faute,
Après vous avoir fait subir mal de mort,
Vous menaient, tambour battant, vers la malemort.
La Faucheuse ne se terrant guère en sa grotte
On avait beau parler promesse et succès,
Tuaient toujours abcès ou fiévreux accès !

Le jeunot s’enquit auprès d’une maigrelette
Corneille et d’un corbeau grasselu, la doublette
De doctes médecins de sa bonne forêt,
Qui faisaient payer à prix pansus les arrêts
Nés de leur maigre savoir sans nulle tristesse
Et pas plus de contrition car… c’est la vie !
« N’avez-vous pas l’impression que vos avis
Hâtent plus de fins que flèche scélératesse ?

– Ce sont là, fait l’une, de forts fâcheux propos !

Malgré nos bons soins certains, las, manquent d’pot !
Rajoute l’autre, l’éthique nous fait défense
D’nuire à la santé ou d’lui faire offense !

Pourtant nos cimetières sont prou bossus,
Et elles n’y sont pas pour rien vos sangsues
Vos saignées, vos clisthères et votre science !

– C’est qu’la médecin’, vois-tu, fait des pas d’géants…

Aux yeux des biens portants, sot mécréant ! »
Conclurent l’un, puis l’autre, à bout de patience.

 

© Christian Satgé – mars 2019

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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