Lettre d’un vieux père à son fils – Brahim Boumedien

                  Ce texte que m’a fait parvenir notre amie Isa que je remercie, est à méditer : souvenez-vous, lorsque dans l’un de mes écrits, je comparais la vie à une phrase commençant par une majuscule et se terminant par un point. Je disais aussi que le fait d’accepter l’autre dans sa différence, nous permettait de nous situer dans cette phrase (“suis-je sujet, suis-je verbe, suis-je complément ” ?) Il se trouve qu’au fur et à mesure que l’on approche du point final, nos facultés s’amoindrissent et s’effilochent. Que les jeunes, futurs vieux, le sachent, car ils seront traités par leurs enfants, comme ils auront traité leurs parents… Qu’ils sachent que ce qu’ils font n’est qu’une goutte d’eau par rapport aux sacrifices consentis par ceux qui les ont mis au monde et élevés- (B. BOUMEDIEN)

اما أن يبلغ عندك الكبر أحدهما أو كلاهما

فلا تقل لهما” أف” و لا تنهرهما و قل لهما قولا كريما واخفض لهما جناح الذل من الرحمة و قل رب ارحمهما كما ربياني صغيرا”(صع 

 

          “Si un jour tu me vois vieux, si je me salis quand je mange et que je ne réussis pas à m’habiller, sois compréhensif, souviens-toi du temps que j’ai passé à t’apprendre.
Si quand je parle avec toi je répète toujours les mêmes choses, ne m’interromps pas, écoute-moi ; quand tu étais petit je devais te raconter chaque soir la même histoire avant que tu ne t’endormes.
 

           Quand je ne veux pas me laver, ne me fais pas honte, souviens-toi quand je devais te courir après, en inventant mille excuses pour que tu ailles au bain.
Quand tu vois mon ignorance pour les nouvelles technologies, donne-moi le temps nécessaire et ne me regarde pas avec ce sourire ironique, j’ai eu tant de patience pour t’apprendre l’alphabet.
 

            Quand par moments, je n’arrive pas à me souvenir ou que je perds le fil de la conversation, donne-moi le temps nécessaire pour retrouver la mémoire et si je n’y arrive pas ne t’énerve pas, la chose la plus importante n’est pas ce que je dis mais le besoin d’être avec toi et de t’avoir là à m’écouter.
 

             Quand mes jambes fatiguées n’arrivent plus à tenir la cadence de tes pas, ne me considère pas comme un boulet, viens vers moi et offre-moi la force de tes bras comme je l’ai fait lorsque tu as fait tes premiers pas.
 

Quand je dis que j’aimerais être mort, ne te fâche pas, un jour tu comprendras ce qui me pousse à le dire. Essaie de comprendre qu’à mon âge on ne vit pas on survit.
Un jour tu découvriras que malgré mes erreurs je n’ai toujours voulu que le meilleur pour toi, que j’ai tenté de te préparer la route.
 

               Donne-moi un peu de ton temps, donne-moi un peu de ta patience, donne-moi une épaule sur laquelle poser ma tête de la même façon que je l’ai fait pour toi.

               Aide-moi à avancer, aide-moi à finir mes jours avec amour et compréhension, en échange je n’aurai que mon sourire et l’immense amour que j’ai toujours eu pour toi.

Je t’aime mon fils”

 

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Brahim Boumedien

Brahim Boumedien (556)

- Diplômé de l'Ecole Normale Nationale d'El-Harrach - Formateur (Education Nationale et Formation professionnelle) - Ancien professeur de Techniques de gestion et de Techniques d'Expression - Ancien professeur à l'ENNET - Ancien directeur de collège. S'occupe actuellement de recherche pédagogique (lutte contre l'analphabétisme, en particulier)
Site Web : http://pedagotec.e-monsite.com

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4 Commentaires
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Laurence de Koninck
Membre
4 octobre 2019 13 h 01 min

Texte très touchant et si juste. Les dernières lignes ajoutent à l’émotion et à la beauté de cette déclaration d’un père à son fils. Merci Brahim.

OberLenon
OberLenon
Invité
3 octobre 2019 20 h 18 min

Votre texte est profondément émouvant. Dire “je t’aime” à ceux qui comptent dans nos vies, rester dans la bienveillance, c’est quelque chose de fondamental. On ne rattrape jamais le temps perdu et les regrets sont toujours lourds à porter.