L’Escargot Marseillais – Anne Cailloux

– Germaine, tu as vu les deux pimbêches, regarde comment elles le badent le bourguignon !

– Quel bourguignon ?

– Bé, le Raymond.

– Il est bourguignon ! je ne savais pas.

-Pourtant, il pavoise assez, en disant que lui, c’est un vrai bourguignon et pas une imitation qui viens de Chine.

– Remarque il est pas mal je trouve, il a une puissance dans le dorsaux, il doit te faire faire tourner sur ta coquille avec une aisance digne d’un jeune premier ! et ses cornes, tu as vu ses cornes ? hum quand elles te touchent tu dois grimper aux rideaux.

– Germaine, je crois bien qu’avec un sportif comme lui, c’est toi qui dois les avoir les cornes !

– Tu crois que c’est vrai, qu’il est dragueur comme cela ?

– Attends même les libellules lui tournent après. Il drague tout ce qui bouge, tu veux que je te dise !les lucioles du cimetière se battent pour lui et je vais même te dire un secret, il est très fort, il a même eu une mante religieuse.

– Non !

– Si

– Et il en est ressorti vivant ?

– Oui, il lui a narré une histoire à dormir debout.

– Et alors ?

– Et bien, elle s’est endormie et la deuxième fois, elle s’est aussi endormie pendant l’acte.

– Très rusé le Raymond ! Là, je veux bien te croire, Il a même eu une limace mais cela n’a pas duré longtemps.

– Pourquoi ?

-Trop exhibitionniste la demoiselle. Elle habitait à coté du cap d’Agde.

– Moi il me plaît quand même. De plus sa coquille et luisante, signe de bonne santé !

– Il la nettoie tous les jours avec de la bave de crapaud. Et les deux bourgeoises regarde Germaine, elles en bavent !

– Pourquoi bourgeoises ?

– Ha tu ne sais pas? elles habitent le château!

-Il parait qu’elle mangent des salades qui n’existent même plus et des mets de rois !

– On ne peux pas rivaliser ma pauvre.

– Attends j’ai un plan !

– Quoi donc !

-Je suis ami avec dame l’oie, je vais lui demander qu’elle casse la coquille de ses pimbêches.

– Oui bien vu, après à nous le gladiateur. J’aimerais le sentir glisser sur moi. J’ai mis des feuilles de mâche de côté pour lui. Je le bade depuis si longtemps, il sera à moi, de gré ou de force. Et toi, il ne t’intéresse pas ?

– Non, moi je préfère les petits gris, ils sont plus dominés que dominants. Attends tu pratiques le SM ou quoi !

– J’aime dominer. Quand j’étais plus jeune, je suis sortie avec un hérisson Maître dans son art, depuis, les autres me paraissent fades. Le petit gris, je vais le coucher sur des feuilles d’ortie et le faire sortir de ses gongs où plutôt de sa coquille, il va me supplier et je porterais l’estocade. Il sera mon esclave..

– Ha !  quand même tu ne fais pas non plus dans la dentelle.

– En attendant, regarde donc comment il se balance avec aisance, et s’il vient vers moi, je vais faire semblant de partir, lui dire que je ne suis pas comme cela, il est hors de question qu’il m’emmène dans sa coquille, mais après je vais dire : Montre moi tes cornes.. et je le fais tomber dans un piège, où il sera à ma merci. Drogué et enfermé dans une cage !

Ah mince. Allez viens germaine, on va mettre notre plan au point, et je t’offre un vers ? Laisse-le s’amuser, tu connais les hommes…

Personne ne savait que ce n’était pas un escargot mais une limace avec une coquille qu’il avait gagné un soir, lors d’une partie de poker. Il ne venait pas de bourgogne, mais du côté des Beaumettes, centre pénitentiaire de Marseille. Voyou dans l’âme, c’était un escroc à la petite semaine. Beau parleur comme tout marseillais qui se respecte quand il voyait une belle dame il murmurait alors ! Par les cornes du diable ! Té bonne mer, vous avez une démarche qui chaloupe et retourne mes cornes dans tous mes sens. Et le Raymond emballait toutes les femelles…mais tout a une fin..

 

Moralité : Celui qui se joue d’autrui aura toujours la monnaie de sa pièce, 

tôt ou tard, victime de la ruse d’un autre.

 

© 2017 – * Anne Cailloux * –  L’Escargot Marseillais – 

 

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Anne Cailloux

Anne Cailloux (335)

Depuis ma naissance, je fus autodidacte et trop rêveuse.Spécialiste dans l'art thérapie et les maladies neurodégénératives, j’essaie de retenir le temps des autres et du mien.. Quelques diplômes, une passion pour l'art et les poètes. J'ose dormir avec Baudelaire.Je suis une obsédée textuelle . Je peins, je crée et maintenant j’écris. Je remets cent fois mon ouvrage pour me corriger. De quinze fautes par lignes je suis passée à quinze lignes pour une faute... Deux livres en préparation et peut-être un recueil de poèmes, si Dieu veut.Anne
Je suis une junky des mots..

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4 Commentaires
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O Delloly
Membre
26 octobre 2017 20 h 44 min

génialement composé rehaissant la prose d’un ton
merci
oliver

Christian Satgé
Membre
26 octobre 2017 19 h 17 min

Joli travail de conteuse et belle trouvaille de fabuliste. Ah, la prose…