Les voies du Seigneur
C’était au siècle dernier, que notre ami Sylvain
Grand ascète, Jésuite, l’idole de nos paroissiens,
Était de retour d’un synode théologique
à Sainte Marie du Zit en terre d’Afrique.
Quelques kilomètres le séparaient encore de sa paroisse,
Il fit halte dans une bourgade pris d’une soudaine angoisse.
Sylvain se dirigea vers la fontaine pour ses ablutions
Sans se douter que sur la place l’attendait Cupidon.
A peine avait-il retroussé les manches de sa soutane
Que la gitane voulait boire, c’était la belle Morgane.
En se baissant, de son corsage pointa du nez un téton
Il écarquilla les yeux, le sein entier sortit de son cocon.
Il marmonna : « Notre Père qui êtes aux cieux » sans conviction
Suivi d’un « santa maria gratia plena » pour chasser le démon,
Rien n’y fît, la destinée en avait décidé autrement
C’en était fini avec les vêpres et l’ancien testament.
Elle se sauva lui faisant signe de l’index de suivre sa trace.
Au lieu de se diriger vers l’église de l’autre côté de la place,
Il emboîta le pas à la belle vers le temple de la débauche et de la luxure,
Là, plus besoin de bréviaire, les choses prenaient une toute autre allure.
Elle combla les vides de son catéchisme, en l’entraînant vers les jeux pervers,
Il palpa des brunes, des blondes en présence de brouteuses de pâturages verts.
Aux premières lueurs, titubant, il ressortît de l’antre aux tentations.
Notre moine s’affala sur le pavé mouillé en proie à des convulsions.
Sylvain rendît l’âme, les cloches de l’église sonnaient pour la messe de minuit.
Dans le brume apparût l’ange de la mort récupérer l’œuvre des belles-de-nuit.
Perplexe, il répétait : Avoir pour mission de ramener un moine au Paradis
Et devoir en dernière minute le livrer aux feux du grill et de la rôtisserie.
Abid HMIDA
L’Enfer ou le Paradis sont déterminés par nos actes en fin de vie