Ne voulant pour l’Homme que la réussite
Dans tout ce qu’il entreprenait, fût-ce à l’excès,
On se lamentait fort aux cieux et en ses sites :
« Leur vie est un jeu d’échecs ! » disait le Succès,
Tout dépit que les jours y donnent tant accès.
Jupin en convint : choir, déchoir,… était courante
Monnaie chez les humains mais cette affaire-là :
Leur caractère l’explique, chose navrante
Qu’importent atouts, chance, intelligence, tralala,…
« De toute façon, fit l’Échec qui s’immisce en douce,
On n’apprend bien que de ses échecs. Et le seul
Qui condamne vraiment l’homme, moins au linceul
Qu’à renoncer, c’est d’arrêter d’essayer ! » glousse-
T-il dans un sourire tout en miel et tilleul.
Le Dieu des dieux acquiesça : « Ce qui vite
Vient et, qui plus est, par trop facilement,
Insatisfait le bipède et, pire, l’invite
À des prétentions sans aucun fondement !
– Je vois que l’Olympe toute entière se ligue
Contre le bonheur de ses bons adorateurs !
Persifla le Succès. Ces êtres, ces squatters
De la Terre, méritent cigüe plus que figues
À vous en croire pour seul prix de leurs fatigues ! »
Jupiter le reprit : « Succès si au dico’
Tu succèdes à Échec, c’est qu’il faut qu’ils rencontrent
Le vrai coût des choses et puis leur goût en écot :
Apprécie l’été qui sait ce que l’hiver montre. »
© Christian Satgé – janvier 2017