Les trophées de l’insuccès – Christian Satgé

 
Petite fable affable
Socrate : « La chute n’est pas un échec.
L’échec est de rester là où on est tombé. »
 

Ne voulant pour l’Homme que la réussite
Dans tout ce qu’il entreprenait, fût-ce à l’excès,
On se lamentait fort aux cieux et en ses sites :
« Leur vie est un jeu d’échecs ! » disait le Succès,
Tout dépit que les jours y donnent tant accès.

Jupin en convint : choir, déchoir,… était courante
Monnaie chez les humains mais cette affaire-là :
Leur caractère l’explique, chose navrante
Qu’importent atouts, chance, intelligence, tralala,…

« De toute façon, fit l’Échec qui s’immisce en douce,
On n’apprend bien que de ses échecs. Et le seul
Qui condamne vraiment l’homme, moins au linceul
Qu’à renoncer, c’est d’arrêter d’essayer ! » glousse-
T-il dans un sourire tout en miel et tilleul.

Le Dieu des dieux acquiesça : « Ce qui vite
Vient et, qui plus est, par trop facilement,
 Insatisfait le bipède et, pire, l’invite 
À des prétentions sans aucun fondement !

– Je vois que l’Olympe toute entière se ligue
Contre le bonheur de ses bons adorateurs !
Persifla le Succès. Ces êtres, ces squatters
De la Terre, méritent cigüe plus que figues
À vous en croire pour seul prix de leurs fatigues ! »

Jupiter le reprit : « Succès si au dico’
Tu succèdes à Échec, c’est qu’il faut qu’ils rencontrent
Le vrai coût des choses et puis leur goût en écot :
Apprécie l’été qui sait ce que l’hiver montre. »

© Christian Satgé – janvier 2017

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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