Les nouveaux arrivants – Christian Satgé

Une perruche et un serin, un cardinal,
Oiseaux certes mais ne faisant pas très « local »,
Un jour, en nos ramées, avaient trouvé refuge
Après avoir fui la misère et les rets
De leurs tristes tropiques où le malheur déluge.
Ils avaient dû, émaciés, en peu d’arrêts,
Traverser un désert où règnent les rapaces
Et affronter la mer, ses périls, son espace,…

Ils étaient tous là et las, le regard perdu,
Claquant du bec, plumes abîmées, bien entendu.
Le linot n’avait, pour ces gueux, qu’indifférence ;
Le chardonneret en sa livrée, blâmant tout,
Méprisant le reste, les disait pestilence ;
Le pinson des haies craignait de ces risque-tout
L’assassinat et le vol : « Pensez donc, des bêtes
Qui crèvent la faim, c’est pire que Malebête ! »

Le rossignol voulut aider ces étrangers,
Il fut fort houspillé et non point louangé
Par la fauvette, le coucou, le rouge-gorge,…
Il n’y eut guère que le pic-vert qui, malgré
Tous, eut pitié leur offrant quelques grains d’orge
Et son amitié sans plus de simagrées.
Tant pis pour les perdrix qui encore commèrent
Ou ces bons perdreaux de l’année valant leurs mères…

À tous, notre toqueur, qui passe pour frappé,
Répond : « Ici-bas, le malheur n’est pas un crime
Pas plus que leur pauvreté ne va vous happer
Mais vous pourriez être de ceux qu’on opprime ! »

© Christian Satgé – avril 2018

Petite fable affable

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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7 Commentaires
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Invité
18 juin 2018 16 h 35 min

belle fable pour un sujet d’actualités, merci – Gaspard

Anne Cailloux
Membre
27 mai 2018 13 h 57 min

C’est un très belle exemple où personne n’est à l’abris.
malheureusement, nous sommes capables du meilleur mais du pire aussi.
Merci pour vos mots, qui remettent les choses en place.
Amitié.
Anne

Invité
26 mai 2018 16 h 13 min

Ah! Christian qu’est ce qu’elle est belle et profonde votre fable. Dont la moralité est une lumière de vertus . Qui se font rares de nos jours, bravo et merci pour votre noble âme
Agréable journée
Mes amitiés
Fattoum.