Les marabouts et l’ingénue – Christian Satgé

Petite fable affable

Un vain marabout – l’oiseau et non l’homme ! –
Se pensant irrésistiblement beau,
Faisait cour insistante et âpre comme
Guerre où tout serait pillage aux flambeaux,
À quelqu’une, pucelle pucelante.
Humble, à une vraie nonne vergogner,
Elle n’était pour lui que rebuffades
Qui ne semblaient que plus aiguillonner
Ce lourd échassier, fat au cœur tendre
Comme roc qui ne veut raison entendre.

Or ce Casanova des marigots,
Poussant souvent la mare à bout, se vante
Rut au rein et rut taurin, tout de go,
De ses multiples conquêtes, énervante
Propension brocardée alentour
Par des placards à son endroit peu amènes.
Se voulant splendide comme un vautour,
Seul vrai mâle du tropical domaine,
Disant offrir tant généreusement
À femelle ce qu’elle attend mêmement,

Il avait proposé à la candide oiselle,
Par ses refus ni fourbu ni moulu,
Courtoisie qu’il croit fort plaire aux donzelles,
Avant qu’elle ne se soit « vermoulue »,
Ses cousines et tantes aimant l’éphémère,
De la déniaiser, là, au revers
Du talus comme il le fit « de sa mère,
Et de ses sœurs ! » ajouta ce pervers.
Devant tant de galanterie courtoise
La jouvencelle le morgue ou le toise.

Lors, l’éconduit s’en plaint au marabout.
Pas l’oiseau, ma foi, mais bel et bien l’homme.
« Ah, mon seul charme ne venant à bout
De ses tabous, envoûte cette pomme !

– Ne faisant, las, rien pour être aimable
Comment veux-tu, mon ami, être aimé ?

– La vie est brève et il n’est pas blâmable
D’en vouloir jouir et sans carêmer !

– Certes : mais tout art est long à apprendre,
Surtout pour ce qui est d’un coeur à prendre ! »

.

©Christian Satgé – 05/09/2018

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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2 Commentaires
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Invité
7 septembre 2018 21 h 52 min

Merci Christian j’aime beaucoup vos écrits. Car ils nous invitent à méditer sur un sujet ou sur un autre. Et ça fait travailler la pensée Hé ben oui tout art se cultive et s’aiguise
Douce soirée
Mes amitiés
Fatttoum