Le bourdonnement des consommateurs, rempli l’estaminet
De la rue, des bruits leur parviennent, estompés, désuets
La pluie mouille les toits et couvre de nuit la ville
Les trottoirs reflètent les lumières vacillantes des lampadaire à huile
Les flaques noient les chaussures, emportent dans leurs vagues
Des rêves de pieds marins, pieds aux plantes submergées, en divague,
Noyées dans leurs prisons, comme aux jours de tempête
Les prisonniers de la digue entendant sur leurs têtes
La mer se déchaîner.
Se déchaîner!
Eux, portant leurs fers, hurlent au fond des geôles!
Leurs cris se mêlent encore aux hurlement du vent
Aux plaintes de la pierre martelée par les vagues.
L’eau par les ouvertures déverse ses casseroles
Transperce et les paillasses et tous les vêtements
Déjà usés et et percé et si vagues
Eux pourtant se blottissent au coin le plus profond
A l’abri des embruns, cherchant de la sécurité, l’illusion.
..Illusion!
Devant Barfleur s’éventrent le pêcheur
Ou l’insubmersible liner
Drossés par les courants sur les sombres étocs
Où se déchirent leurs coques
Manne tant espérée, des naufrageurs
De toute époque.
Puis lorsque le vent et les vagues acceptent les marins
Dans la paix de la mer, l’on retrouve au matin
Les épaves échouées aux récifs de Barfleur
S’égouttant comme ruisselants de pleurs
Et à Cherbourg les noyés de la digue
Dont on rejette les os en chantonnant “La Digue”