Les épousailles de crapaud – Christian Satgé

Petite fable affable
« La jeunesse est fille volage ;
La vieillesse dame pressée ! »
Songeait un de ces crapauds hors d’âge
Qui, las, mesurent par soi assez
Ce qu’ils verront dans toute autre bête.
Paillard, « Sans quartier » de son nom,
Ce  brave batracien les traite
Comme gens de peu, amies ou non.
« Les autres, je m’en fous, sans vergogne,
Comme de colin tampon  ! » en rogne
Quand on adresse quelque reproche
À ce fat toujours perché en roche.
Amateur d’amours qui ne faisaient
Jamais le tour du cadran, l’infâme
Décida, matin, sur son biset
Qu’il était temps de se prendre femme.
Fuyant à se donner du mal,
Il élit la fille d’une voisine,
Belle comme seul cet animal
Sait l’être et, plus, crapaude en gésine.
Il n’aurait pas trop à se fatiguer
Pour avoir sa descendance au gué.
S’entêtant quand il faut être souple
Il se mit rapidement en couple :
Elle fut folieuse rouée
Et, mariée, ribaude à souhait !
Las, lâchant du lest quand il aurait
Mieux valu tenir, leur mariage
Connut une fort longue durée
Même si, selon les commérages,
L’impétueuse beauté très vite
Se mue impérieuse furie…
De cet hymen fait à la va-vite
Tout l’étang, et fort longtemps, en rit,
Car, souvent, qui s’engage à la hâte, 
Se repent à loisir, pauvre blatte !
© Christian Satgé – mars 2020

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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