Les dispositions d’Alexandre – Christian Satgé

Petite fable affable
 
Une légende veut qu’Alexandre le Grand,
Sentant que Thanatos en voulait jà à son âme,
Exprima, non comme le premier gland
Venu le ferait quand survient ce drame,
 Une mais trois dernières volontés.
De quoi surprendre qui y fut confronté…

Il exige d’abord que soit porté en terre
Son cercueil par les six meilleurs médecins
Puis que l’on pave des richesses monétaires
De son empire le chemin qui, à dessein,
Le mènera lors de son lit à sa tombe.
Avant que son esprit en limbes ne retombe,
Il ajoute qu’il se veut tout nu en son linceul
Et sans rien dans les mains. Non. Ni le glaive
Du conquérant ni le sceptre du roi. Nu. Seul.
On l’interrogea sur le pourquoi, la sève
De tels souhaits : avait-il peur ou fait un rêve ?

« Moi devant qui tremble le monde entier,
Je veux rappeler aux docteurs les plus sages
Qu’on ne peut rien contre la mort liée
À la vie comme l’hiver à l’été. Au passage,
Je veux dire que les richesses d’ici-bas
Y restent et ne sont pas du trépas le bât.

Enfin, il est beau de se souvenir, mes frères,
Qu’on nait tous nus, et sans rien, à la vie
Et que c’est ainsi qu’on retourne à la terre,
Quoi qu’on y ait fait, une fois qu’à l’envi
Notre temps a filé dans cette clepsydre
Qui nous échoit, et qui n’est pas comme une hydre… »
Ainsi aurait voulu mourir, humblement,
Le plus grand homme qu’ait connue l’ère antique.
C’est sans doute une vraie fable, et simplement
Pour telle je vous l’offre : charismatique,
Elle pourrait pousser un peu à réfléchir
Qui, pour biens ou pouvoir, nous veut fléchir…

 
© Christian Satgé – juin 2019

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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2 Commentaires
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Philippe X
Membre
23 octobre 2019 19 h 57 min

Alexandre fut grand…il lui fallait un cheval à la hauteur de sa réputation. L’histoire le fit noir, grand, indomptable, doté d’une force de taureau et même anthropophage..
.il était brun, mesurait 1,60 m au garrot, effrayé par son ombre et provenait de la race des Boukephalas (tête de bœuf )..ce qui n’a rien ôté des exploits de son Maître
Ce qui est plaisant c’est le travail que m’a donné ce bourrin…. joindre l’utile à l’agréable, le futile n’est pas négligeable.
Amicalement